Une priorité géostratégique
Par Jean-Christophe Servant
Naguère quantité négligeable aux yeux de Washington,
l'Afrique devient une priorité géopolitique pour les Etats-Unis.
Dans la préparation de sa guerre contre l'Irak, l'administration
Bush redessine la carte de ses approvisionnements pétroliers. Le
continent noir, avec ses réserves de bonne qualité, à
l'abri des grands conflits, pourrait fournir 25 % du brut américain
d'ici à 2020. Partout dans les principaux pays pétroliers
- Nigeria, Guinée-Equatoriale, Angola... - Washington multiplie
les gestes, implante conseillers militaires et compagnies pétrolières.
Pendant que les Etats-Unis fourbissent leurs armes contre l'Irak, une
autre bataille, tout aussi stratégique, est engagée par
Washington à quelques milliers de kilomètres du Golfe. Cette
« calme offensive », selon l'expression du quotidien nigérian
The Vanguard, est « faite en partie pour ne pas brusquer les alliés
du Moyen-Orient, en partie pour éviter une perception générale
selon laquelle l'Amérique ne s'intéresse qu'aux ressources
de l'Afrique» et vise le pétrole subsaharien. Selon M. Walter
Kansteiner, sous-secrétaire d'Etat américain chargé
des dossiers africains, le pétrole du continent noir « est
devenu un intérêt stratégique national pour les Etats-Unis».
De son côté, l'influent sénateur républicain
de l'Etat de Californie Ed Royce, président du sous-comité
Afrique au sein du comité de la Chambre des représentants
pour les relations extérieures, déclare que « le pétrole
africain devrait être traité comme une priorité pour
la sécurité nationale de l'après-11 septembre»...
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