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Mai03 |
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L'Europe, rempart contre
la déferlante néolibérale ? Difficile à croire,
sauf si on prend pour argent comptant les propos de la Commission européenne.
Celle-ci a déjà imposé à 77 pays d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique, au travers de l'Accord de Cotonou, le
strict respect de deux accords de l'OMC tout à fait préjudiciables
: l'accord sur les services (article 41 de l'Accord) et l'accord sur les
droits de propriété intellectuelle (article 46). Comme elle
a imposé que les pays ACP créent entre eux des zones de libre-échange,
véritables espaces ouverts aux entreprises européennes hypocritement
baptisés "accords de partenariat économique régionaux
(APER)."
Cela ne suffisait sans doute pas à une Europe qui ne néglige
aucun effort pour reprendre le contrôle effectif de ses anciennes
colonies. Lors de la conférence ministérielle de Doha, en
novembre 2001, avec l'appui des 15 gouvernements européens, le
Commissaire Pascal Lamy a demandé qu'on introduise dans le programme
de négociations, hypocritement baptisé "Agenda La crainte des pays industrialisés qui font la pluie et le beau temps à l'OMC, c'est qu'au travers d'accords régionaux, les pays en développement se protègent contre les exigences de dérégulation qui figurent dans tous les accords de l'OMC et s'en tiennent à une conception des relations commerciales internationales plus proche de celle du GATT que celle, extraordinairement extensive, de l'OMC. S'il en était ainsi, le projet d'APER ne répondrait plus
du tout aux attentes européennes. Or, ce projet est au cur
des négociations qui ont commencé en septembre de l'an passé
entre les Commissaires Lamy et Nielsen et les pays ACP. Et le moins qu'on
puisse dire, c'est que les pays ACP ne manifestent pas l'enthousiasme
le plus grand pour ce projet. Ils résistent Les négociations n'ont guère avancé et l'intention du Commissaire Lamy est d'intégrer cette question dans un "paquet" à ficeler lors de la prochaine conférence ministérielle de l'OMC, à Cancún, du 10 au 14 septembre. Une raison supplémentaire pour que les quinze gouvernements décident de revoir le mandat - ce serait plus correct de parler de chèque en blanc néo-libéral - confié à M. Lamy en 1999, avant Seattle, et inchangé depuis lors. Raoul Marc JENNAR |
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