Ceci dit, le hiatus existant actuellement entre la classe politique française
(majoritairement favorable au projet de Constitution européenne) et la moitié
de l’opinion publique (qui défend plutôt les droits et acquis sociaux) illustre
l’acuité des enjeux géopolitiques du moment. En effet, l’Europe que l’on nous
propose c’est, au delà de l’actuelle forteresse économique de Schengen, un
continent qui, coalisé militairement avec les USA dans l’OTAN, interdirait tout
espoir de défendre les intérêts des pays du Sud et de créer un monde
véritablement multipolaire. La Françafrique avec ses multiples réseaux
affairistes et militaro-financiers, qui sévissent dans toute l’Afrique
francophone et qui nuisent aux mouvements de démocratisation tant au Togo qu’en Côte-d’Ivoire, en sortirait encore renforcée. A ce propos, malgré le soutien de
l’opposition démocratique togolaise (Bob Akitani) par l’Allemagne , la France a
réussi, en avalisant des élections grossièrement truquées, à maintenir sa
domination à Lomé.
Dans ce contexte difficile, nous saluons cependant des avancées favorables aux peuples du Sud :
1 . L’obtention d’une date de commémoration (le 10 mai ) de l’esclavage négrier
en France, suite au vote de loi Taubira du 10 mai 2001 (mais dans le même temps
nous déplorons que soit votée une loi préconisant de valoriser de manière
unilatérale l’apport culturel de la colonisation dans l’enseignement de
l’histoire !)
2. La négociation par l’Union Africaine de postes de représentants permanents au
Conseil de Sécurité de l’ONU (comme les Assises Franco-Africaines de Toulouse le
demandent depuis deux années déjà)
3. La victoire du camp autonomiste dirigé par Oscar Témaru en Polynésie
française, après le coup de force du leader UMT Gaston Flosse.
4. Le refus du Parlement européen de reconnaitre la légitimité de
l’élection du fils du dictateur Eyadéma au Togo.
Pour conclure, nous proposons à la classe politique et à la société civile de
participer activement au débat lancé en particulier par Les Indigènes de la
République. Si importants soient-ils, la défense de la laïcité ainsi que le
refus des communautarismes ne peuvent être des alibis : Il nous faut lutter
activement contre les discriminations dont sont victimes les minorités issues
de la colonisation, de nationalité française ou non, en matière d’accès au
logement, au travail, aux droits et responsabilités socio-politiques dans ce
pays. L’Espagne vient de montrer l’exemple en régularisant 700.000 immigrés
clandestins sur son territoire.
Nous rappelons par ailleurs nos requêtes en relation avec l’actualité franco
africaine :
1.Une commission d’enquête parlementaire concernant les massacres perpétrés à
Abidjan en novembre 2004, en présence de l’armée française ; ainsi que le bilan
général de la Coopération militaire en Afrique (bases), en particulier au Togo,
au Tchad, en République Centrafricaine, à Djibouti etc...
2. Un débat parlementaire et une information du public à propos des différents
procès intentés par des victimes du génocide au Rwanda à l’encontre de soldats
français, dans le cadre du TPI (Tribunal Pénal International) d’Arusha et de la
Commission d’enquête citoyenne française.
3. L’arret de la Coopération française et européenne avec la dictature togolaise
et l’obtention d’élections libres et transparentes sous l’égide de l’ONU.