La IVe édition du Forum des peuples s’est ouverte mercredi 6 juillet sous la présidence de Madame Barry Aminatou Touré, présidente de la Coalition des alternatives africaines dette et développement (CAD-Mali) avec, à ses côtés, le préfet du cercle de Dioïla, Alou Diarra, et le maire de Fana, Abdoul Kader Traoré.
Dans son discours de bienvenue, celui-ci a exprimé toute la satisfaction des habitants de sa commune d’abriter cette rencontre populaire africaine des altermondialistes. Selon lui, le Forum des peuples est une partie intégrante du Forum social africain et du Forum social mondial qui se donne la spécificité de se réunir chaque année en contrepoint au sommet du G8. Il a ajouté que la présente édition mobilise 580 participants venant de l’intérieur du Mali, de Bamako mais aussi du Togo, du Bénin, du Burkina-Faso, du Sénégal, de Guinée, de la République centrafricaine, du Congo Brazaville et du Congo Kinshasa... Sans oublier les 500 participants de la ville de Fana et des autres localités du cercle de Dioila. Tous sont là pour faire de cette rencontre un vrai espace populaire d’éducation, de communication, d’information et d’actions citoyennes contre les politiques néo-libérales.
Pour le Préfet du cercle de Dioïla, cette IVe édition “fera tâche d’huile dans notre lutte contre le délabrement social, économique, environnemental, culturel et politique”. Il a qualifié Fana de zone rurale par excellence où vivent toutes les couches socio-professionnelles en quête du minimum vital. La présidente de CAD-Mali a, quant à elle, dans son discours d’ouverture, donné le sens du Forum des peuples : “Les chefs d’Etat de huit pays dans le monde (Etats-Unis, Angleterre, Japon, Allemagne, Canada, France, Russie et Italie) réunis au sein du groupe appelé G8 se donnent le rôle et la mission de directoire du monde sans aucune légitimité. Il n’a jamais été mandaté par les peuples. Sa puissance, dans une logique de domination et d’expropriation des peuples, fait des ravages à travers le monde. Cette année, nous allons mettre la pression sur le G8 parce qu’il fait trop de fausses promesses depuis des années et, qu’au cours de ce sommet en Ecosse, il a prévu encore de mettre l’Afrique au centre de ses débats.” “Nous voulons que les leaders du G8 s’engagent dans des actions concrètes pour respecter leur engagement à lutter contre la pauvreté dans le monde”, a t-elle ajouté.
Située dans la région de Koulikoro, à environ 120 kilomètres de Bamako, Fana, ville d’accueil du Forum des peuples, est le chef lieu d’une des 23 communes du cercle de Dioïla. Elle forme, avec sept villages, la commune de Gégnéka, avec une population de 25 631 habitants dont 19 988 habitants pour la ville de Fana.
Deuxième grand producteur de coton après Koutiala, la région économique de Fana demeure une zone très pauvre. La privatisation de la filière coton et l’introduction des organismes génétiquement modifiés sont donc des enjeux de mobilisation importants, plus spécifiquement pour les paysans. Les syndicats de producteurs de coton ont une très forte expérience de mobilisation. N’ont-ils pas été les principaux acteurs du boycott de la campagne 1999-2000 pour protester contre les prix misérabilistes d’achat du coton aux producteurs ? Plus de 1000 associations villageoises se sont mises à pied d’oeuvre pour accompagner ce Forum des peuples qui regroupe tous les acteurs impliqués dans le développement local, national africain et international : organisations paysannes, syndicats, ONG, médias, fonctionnaires, chercheurs, universitaires, organisations des jeunes et de femmes, associations confessions confessionnelles, parlementaires, élus locaux...
Ibrahima Labass Keïta