"Nous n'avons rien appris, nous ne savons rien, nous ne comprenons rien, nous ne vendons rien, nous n'aidons en rien, nous ne trahissons rien, et nous n'oublierons pas."
propaglande Archives 2004•2006


 

RSS
RSS

 

Mis en ligne le 9 novembre 2004

la position de l’armée et des ressortissants français pourrait devenir rapidement intenable

François-Xavier Verschave
Côte d’Ivoire

Thèmes associés :
>> Afrique
>> Cote d’ivoire

Quelle responsabilité la France a-t-elle dans la crise ivoirienne ?

La Côte d’Ivoire a été le coeur de la Françafrique, comme Houphouët était au coeur du réseau Foccart. Tout cela se donnait une allure plutôt bonhomme, mais les opposants, parmi lesquels a longtemps figuré Laurent Gbagbo, ont connu la répression, l’emprisonnement, le massacre (exceptionnel, il est vrai). Pour prolonger son règne, Houphouët a aiguisé les antagonismes entre ses successeurs potentiels. Et il leur a laissé des finances en ruines. Gbagbo, son irréductible opposant, incarnait une dynamique anti-impérialiste qui dépassait les clivages régionaux. Il l’a troquée en 1992 pour une mobilisation identitaire, l’ivoirité, et a laissé une frange de ses partisans dériver vers une sorte de « national-socialisme ». La doctrine originale avait prospéré, elle aussi, dans un pays malade.

Gbagbo se serait accommodé de la Françafrique si elle l’avait laissé tranquille. Mais Chirac, Sarkozy, Bouygues et tutti quanti pensaient paresseusement que la Côte d’Ivoire devait rester leur propriété. Ils ont profité des excès de certains fans de Gbagbo pour favoriser une guerre civile.

Puis les apprentis-sorciers ont constaté les dégâts : un pays rendu ingouvernable, une équation politique quasi-impossible. Le jusqu’au-boutisme des uns et des autres aidant, et leur irresponsabilité, la reprise de la guerre menace de plus en plus. Une guerre qui pourrait, de proche en proche, embraser toute la région.

S’agit-il d’un dernier soubresaut de ce que vous avez appelé la Françafrique ?

Gbagbo ne veut pas renoncer à une stratégie discriminatoire en contradiction avec les convictions panafricaines des pères de l’indépendance (et en cela il chausse les bottes d’Houphouët). Mais en même temps il a compris que la rhétorique anti-françafricaine répondait à une aspiration profonde. Comme souvent dans l’histoire, une revendication souhaitable est portée par des leaders peu recommandables. C’est comme ça : la Françafrique a cassé ou assassiné les meilleurs.

Dès lors, la position de l’armée et des ressortissants français pourrait devenir rapidement intenable. On en est à un stade de tension où tout peut s’enclencher sans même que quelqu’un l’ait vraiment décidé : accrochages, embuscades, bavures, attentats, pogroms, « fureur populaire » : le premier accrochage sérieux a eu lieu samedi, suivi d’un avant-goût des réactions de la rue. Les mèches et les explosifs surabondent, de part et d’autre. Le scénario irakien peut se rejouer très bientôt en Côte d’Ivoire, avec les Français dans le rôle des Américains. L’Élysée l’a si bien compris qu’il a envoyé à la tête des 4 000 hommes de l’opération Licorne le patron du Commandement des opérations spéciales (COS), le général Poncet, qui dirigea la sinistre opération Amaryllis au Rwanda en avril 1994 : l’« évacuation de nos ressortissants »... dans la déroute et le déshonneur.

Le souvenir est cruel, car si la Françafrique a été défaite au Rwanda, les Rwandais ont payé très cher le manque de détermination africaine à enrayer le génocide : il vaut mieux ne pas trop compter sur la réactivité de l’ONU. Cette fois, les Africains sont prévenus : ils pourraient avoir à faire face rapidement à une crise majeure. La France pourrait se voir contrainte de cesser sa tutelle militaire, ce qu’elle aurait dû faire dès 1962. Ceux qui militent pour l’émancipation de l’Afrique ne peuvent envisager ce résultat, qu’ils souhaitaient, sans anticiper les responsabilités qui s’en suivront. La plupart de ces militants africains ne sont pas au pouvoir, mais leur influence sur l’opinion pourrait, le moment venu, obliger leurs gouvernements à ne pas se contenter de compter les victimes.

Quel rôle ont pu jouer les "rebelles" dans les derniers événements ?

Les rebelles en tant que tels sont très affaiblis. Mais ils se sont faits les porteurs d’une revendication qui ne pourra être éradiquée, celle d’un accès plus équitable à la citoyenneté.

Quelles personnalités politiques ivoiriennes peuvent émerger de la crise ?

La non-émergence de personnalités susceptibles de proposer une alternative crédible est ce qui conduit jusqu’ici à un pronostic pessimiste. C’est pourquoi nous insistons sur le rôle des autres pays ouest-africains et celui de l’Union africaine.

Yahoo !Actualités

Dossier Côte d’Ivoire sur Yahoo !

Publié le mardi 9 novembre 2004
Mise à jour le mardi 9 novembre 2004

Popularité: 53 /100


Vos commentaires:


Ajouter un commentaire :


Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devezvous inscrire au préalable.

[s'inscrire] [mot de passe oublié ?]

 

www.propaglande.org - site réalisé par Ad Nauseam avec Spip / Free
optimisé pour Firefox - résolution 1024x768 - RSS

iso.metric a déménagé

La France au Rwanda

>>  Jean-Paul Gouteux nous a quitté
>>  Apologie du Blasphème
>>  « L’horreur qui nous prend au visage », L’État français et le génocide au Rwanda
>>  Victimes des militaires français de l’opération "Turquoise"
>>  Un étendard sanglant à laver (1ère partie)
>>  ETAT D’URGENCE n°3
>>  FRAP 2006, pour un printemps subversif et contestataire !
>>  RWANDA 1994-2006 : comprendre le GENOCIDE
>>  Rwanda : victoire de Jean-Paul Gouteux contre Le Monde
>>  12ème COMMEMORATION du GENOCIDE des TUTSI à Bordeaux et Nîmes
>>  12ème COMMEMORATION du GENOCIDE des TUTSI à Paris (2)
>>  12ème COMMEMORATION du GENOCIDE des TUTSI à Paris (1)
>>  NEVER AGAIN ! Génocide au Rwanda 1994
>>  avant première de SHOOTING DOGS
>>  Qu’est-ce qu’un génocide ? Le cas du Rwanda
>>  Rwanda : Justice et impunité
>>  Projection-débat : Au rwanda, on dit.. une famille qui ne parle pas meurt
>>  Projection-débat "Tuez-les tous"
>>  L’implication de l’Etat français dans le génocide des Tutsi rwandais
>>  Projection : deux documentaires sur le Rwanda
>>  Les français laissent se faire massacrer les survivants tutsi de Bisesero
>>  PLAINTES CONTRE L’ARMEE FRANCAISE
>>  La guerre civile au Rwanda : enjeux politiques et imaginaires ethniques

La Nuit Rwandaise - Survie
Commission d'Enquête Citoyenne

___________

Themes
Focus | Afrique | Amériques | Anticolonialisme | Cinéma | Conférences | Congo | Cote d’ivoire | Dom-Tom | Economie | Europe | immigration | Internet | Mali | Musique | Palestine | PropagLande | Racisme | Religion | Revolution® | Rwanda | Soutien | Togo | Toulouse |

Formulaire de publication - Administration -- Gestion des archives (2002-2006)