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Mis en ligne le 20 novembre 2005

Reporters sans scrupules

Rwanda : affaire Sibomana
Par Michel Sitbon

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Reporters sans frontières (RSF), honorable association progénocidaire, poursuit la revue lyonnaise Golias pour avoir publié dans une liste de « prêtres ou pasteurs qui ont assassiné ou encouragé les assassinats au Rwanda » le nom d’André Sibomana, lauréat 1994 du prix de cette même association. Golias offre depuis le début de l’été de publier un droit de réponse dans ses colonnes.

Mais Reporters sans frontières demande qu’un démenti soit publié dans dix organes de presse français et internationaux. Christian Terras, le rédacteur en chef de Golias, remarque qu’à raison de 30.000 francs l’insertion, ceci revient à tuer sa revue. De plus, il affirme qu’« à aucun prix, [il] ne fera un rectificatif : je ne reconnaîtrai jamais que c’est une erreur. »

Les vaillants Reporters sans frontières étaient tellement pressés de disculper le père Sibomana qu’ils avaient assigné Golias en référé, en plein mois d’août, laissant à la revue environ une journée pour préparer sa défense : ils furent une première fois déboutés, pour non-respect des droits de la défense. Pas refroidis pour autant, ils déposèrent une nouvelle plainte en référé. Selon Christian Terras, « ils ont alors tout mis en oeuvre pour faire jouer le maximum de relations dans les médias, afin de casser du sucre sur nous ».

C’est ainsi qu’un article de Stephen Smith, encore lui, paru début septembre dans Libération (et visant, comme on l’imagine, à vanter les mérites de Sibomana - et donc, l’« erreur » de Golias), citait les propos de Christian Terras alors que, selon ce dernier, ils n’a jamais parlé au journaliste : « Ce que citait Smith était en fait la reprise d’extraits du dossier confidentiel que les avocats s’échangent la veille de l’audience. C’est une violation manifeste du secret de l’instruction. »

Un autre journaliste a avoir pris la défense de Sibomana est Noël Copin, l’ancien directeur de la rédaction de La Croix... Monsieur Copin est par ailleurs président de Reporters sans frontières. En août, sans que soit spécifiée son appartenance à RSF, il se fendait d’un long article dans La Croix, dans lequel il évoquait l’affaire Sibomana en ironisant sur les révélations de Golias. Christian Terras est bien placé pour penser qu’il y a, là encore, une vraisemblable violation du secret de l’instruction.

Reporters sans frontières est, par ailleurs, cette belle association qui se soucie de la défense des journalistes persécutés à travers le monde et de leur liberté d’expression. Nous ne savons pas encore quels étaient les mérites d’André Sibomana qui pouvaient valoir à ce journaliste rwandais le prix 1994 décerné par RSF. Espérons qu’il ait eu une attitude radicalement différente de celle de ses tristement célèbres collègues de Radio Mille Collines.

Le fait que Monsieur Sibomana soit aujourd’hui soupçonné d’actes regrettables au cours du génocide, cette même année 1994, pourrait les inciter à reconsidérer l’attribution, peut-être hâtive, de ce prix. En tout cas, RSF devrait peut-être décerner son prix 1995 à Golias, cette revue dont le travail, depuis quelques années, en particulier sur l’analyse de la droite catholique, est une véritable leçon pour toute la profession. Rappelons que Golias a été l’un des rares journaux à oser soulever le scandale rwandais. En particulier l’affaire du père Wenceslas Munyeshaka, qui a fait plus de bruit que tous les articles de Maintenant.

Soulignons que tous les présumés responsables du génocide rwandais échappent à ce jour aux poursuites. Wenceslas fait exception. Pour récompenser le journal par qui le scandale arrive, Reporters sans frontières ne trouve rien de mieux à faire que d’exaucer les voeux les plus fous de la DGSE et du Vatican. Toujours le Rwanda

Ça y est, le gouvernement rwandais s’est enfin jeté à l’eau en demandant la mise en accusation de la France pour avoir armé les génocideurs, en dépit de l’embargo décrété par l’ONU, c’est-à-dire y compris pendant le génocide.

S’il est franchement souhaitable que cette plainte suive son cours et aille jusqu’à son terme, ce n’est pas seulement par amour de la justice, mais parce qu’il reste un problème : non seulement le gouvernement français a été capable d’approvisionner en armes les tueurs du Rwanda pendant qu’ils commettaient un des plus monstrueux crimes du siècle, mais il continue à protéger, entretenir et armer les mêmes assassins. Au risque d’embraser le Burundi. Avec, comme objectif, de rallumer la guerre au Rwanda.

L’armée française n’aime pas la défaite. Il serait peut-être temps qu’elle comprenne que la justice internationale pourrait demander des comptes à nos généraux pour leurs sales guerres africaines. Tout comme à messieurs Karadzic ou Mladic pour la guerre bosniaque. Michel Sitbon - 20 septembre 1995

Ancien directeur de la revue Maintenant, Michel Sibon est PDG des éditions Dagorno, L’Esprit frappeur et Le Lézard.

Article d’origine : Site du Réseau Voltaire


A lire également :

Venezuela : médias au-dessus de tout soupçon par Thierry Deronne, Benjamin Durand

Au Venezuela Reporters Sans Frontières appuie depuis deux ans des medias complices de nombreuses violations des droits de l’homme... et appuie sur l’accélérateur dans la campagne mondiale contre le gouvernement de Hugo Chavez. Quels sont ces medias dont RSF valide les informations ? Pourquoi cette stratégie politique d’une organisation supposée impartiale ?

Les mensonges de Reporters sans frontières par Salim Lamrani

L’ONG française Reporters sans frontières, dédiée à la défense de la liberté de la presse, est aujourd’hui au centre d’une polémique. Pour les uns, elle serait un vecteur efficace de liberté dans le monde, pour d’autres - et nous nous rangeons parmi ceux-là - elle s’est muée en courroie de transmission du département d’État et instrumentalise une cause pour servir la stratégie états-unienne. Salim Lamrani, chercheur à l’université de La Sorbonne, examine en détail accusations et réponses, puis dévoile l’ampleur de la supercherie.

Le dossier Robert Ménard

Au cours des ans, Robert Ménard, le secrétaire génaral de Reporters sans frontières est arrivé à s’ériger en référence universelle. Son but déclaré : la défense de la liberté de la presse. Noble but... auquel personne ne peut refuser de souscrire !

Pourtant, lorsqu’il s’agit de Cuba, tout dans son profil fait de lui un agent de la CIA, soutient Jean-Guy Allard, journaliste québécois vivant à la Havane. Au cours d’une entrevue qu’il lui accordait récemment, l’ex-agent des services de renseignement cubains Nestor Baguer lui racontait sa rencontre du 20 septembre 1998 avec Ménard, alors qu’il occupait le poste de président de l’association des jounalistes cubains « indépendants ». Dans son témoignage, Baguer explique comment le comportement de Ménard est calqué sur celui des agents de services secrets. À Miami, l’associée de Ménard, Nancy Pérez Crespo, a développé un véritable réseau d’agences d’information cubaine dont la prétendue indépendance est garantie par les subventions millionnaires de l’United States Agency for International Development (USAID) et de la National Endowment for Democracy (NED), organismes obéissant aux orientations de la Central Intelligence Agency (CIA).

Le groupe de Nancy Crespo est ouvertement lié à un réseau d’individus qui, tous, ont participé activement aux campagnes en faveur du terroriste international Luís Posada Carriles et pour la libération d’Orlando Bosch, le terroriste le plus dangereux du continent, selon le FBI lui-même. Ce même réseau a aussi combattu férocement le retour du petit Elian à Cuba... et a livré la Maison Blanche à George W. Bush, en trafiquant les élections en Floride du Sud.

En quelques chapitres, l’auteur retrace aussi l’histoire des relations suspectes de Ménard avec les grandes fortunes du monde français des médias qui ont fait de lui un intouchable dans toute la presse française.

Voir également

RWANDA : Arrestation de Guy Theunis-Réponse à Reporters Sans Frontières par BIZIMANA Jean-Damascène

Publié le dimanche 20 novembre 2005
Mise à jour le dimanche 20 novembre 2005

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