Le serveur utilisé pour eMule et eDonkey était néanmoins un index de millions de fichiers échangés sur les réseaux peer-to-peer, dont une grande part étaient illicites. L’administrateur principal de Razorback avait indiqué par le passé qu’il était prêt à blacklister les fichiers rapportés à lui par les titulaires de droits d’auteur, mais il n’a jamais eu aucune réponse. Finalement l’ensemble du matériel a été saisi ce matin, nous indique une source proche de Razorback, tandis que deux administrateurs du serveur restent injoignables en ce début d’après-midi.
Razorback tentait de concilier légalité et P2P en participant à de nombreux projets légaux, en fournissant des stastiques précieuses pour les cabinets de marketing, et en diffusant des fichiers payants protégés par DRM, pour le compte de fournisseurs de contenus.
Mais surtout, la disparition de Razorback ne changera absolument rien pour les millions d’utilisateurs d’eMule, qui bénéficient déjà depuis de très nombreux mois d’un réseau entièrement décentralisé baptisé « Kad. »
Nous vous informerons dès que nous aurons davantage d’informations.
http://www.ratiatum.com
Razorback : pas de craintes pour les utilisateurs
Alors que beaucoup d’internautes s’inquiètent quant aux données saisies par les autorités belges avec le serveur Razorback, nous avons eu l’assurance qu’aucune donnée nominative n’y était stockée.
Avec un million d’utilisateurs et des dizaines de millions de fichiers échangés, Razorback n’aurait pas pu techniquement tenir un log des connexions avec l’ensemble des adresses IP des utilisateurs. Toutes les données nécessaires au bon fonctionnement de Razorback étaient stockées en mémoire vive, et ont donc été perdues lors de la saisie. C’est ce que nous assure une source proche de Razorback.
Par ailleurs l’un des administrateurs du serveur eDonkey francophone a pu être contacté dans la journée. Un seuls des deux est semble-t-il gardé à vue.
Résultat direct de cette saisie, l’aide précieuse qu’apportait Razorback à la diffusion légale de fichiers sur Jamendo, sur Ratiatum, mais aussi l’aide apportée au projet de recherche du génome humaine Folding@home, sont aujourd’hui terminées.
En ce qui concerne les téléchargements de freewares et sharewares sur Ratiatum, nous serons extrêmement reconnaissants auprès de nos lecteurs qui accepteront d’assurer la relève en partageant leur bande passante avec nous. Il suffit de disposer d’un client eDonkey ou eMule et de vous rendre sur cette page (http://www.ratiatum.com/tel.php ?mode=aide) pour télécharger et mettre en partage automatiquement toutes les mises à jours de la semaine en cours.
Nous espérons vivement le retour de Razorback, car il était de tous les serveurs celui qui prônait le plus l’utilisation du P2P à des fins légales, et nous aidait concrètement dans cette voie.
Razorback : la MPAA se manifeste et se félicite
Par Guillaume Champeau (Mercredi 22 février 2006 à 7H14)
L’Association américaine des studios de cinéma (MPAA), véritable cartel de l’industrie cinématographique, n’a pas tardé à publier dès hier un communiqué se félicitant de la saisie de Razorback. Un serveur "infâme", selon eux.
Véritable coup marketing anti-piraterie, l’arrêt de Razorback a été salué par Dan Glickman, le président de la MPAA. "C’est une victoire majeure dans notre combat pour arrêter la fourniture de contenu illégal qui circule sur l’internet via les réseaux peer-to-peer", a-t-il indiqué dans un communiqué. "En rasant le traffic illégal d’oeuvres protégées par le droit d’auteur sur Razorback2, nous vidons d’autres réseaux illégaux de leur capacité de fournir les pirates d’Internet avec des oeuvres protégées par le droit d’auteur, ce qui est un pas positif dans notre effort international de lutte contre le piratage", a-t-il ajouté.
Visiblement, la MPAA n’a rien compris ou, ce qui est plus vraissemblable, feigne de ne rien comprendre. "En fermant Razorback2, la facilité avec laquelle les pirates peuvent obtenir du contenu illégal en ligne va diminuer radicalement", indique l’Association. Une erreur grossière lorsque l’on sait que Razorback ne fournissait aucun fichier, ne servait que d’intermédiaire technique, et que ce rôle d’intermédiaire a été rendu totalement caduque par l’ajout sur tous les clients eDonkey et eMule d’une surcouche entièrement décentralisée et autonome. Les logiciels de partage de fichiers n’ont pas besoin de Razorback pour fonctionner, et l’arrêt du serveur n’aura absolument aucun impact sur la fréquentation du réseau.
Pour John G. Malcolm, directeur du service anti-piraterie de la MPAA, Razorback "était une menace pour la société". La MPAA, qui rappelle que Razorback2 accueillant 1,3 millions d’utilisateurs, juge le serveur "infâme" et prétend que les administrateurs avaient un objectif clairement financier. Il faut à ce titre rappeler que Razorback était entièrement géré par une association suisse, contre qui une plainte pour complicité de contrefaçon a été déposée.
L’arrêt de Razorback n’aura aucun impact sur le piratage, mais il mettra fin à l’aide apportée à la distribution légale de contenus. Razorback apportait une aide logistique précieuse à la distribution légale de freewares et de sharewares via la chaîne téléchargements de Ratiatum, à la diffusion de musique libre par Jamendo, ainsi qu’à la diffusion d’eBooks libres de droits ou de fichiers commerciaux vendus par des systèmes DRM avec le soutien de Razorback.
Avec la saisie des serveurs de Razorback, seule la partie légale du P2P a été atteinte.