Le Bilan a largement contribué à une véritable révolution dans la conception même de l’anthropologie. De nouveaux chemins de connaissance se sont ouverts, croisant l’expérimentation des techniques cinématographiques et des savoir-faire anthropologiques.
L’expérience du terrain et la prise en compte du contemporain ont impulsé une nouvelle manière de voir approchant progressivement de l’anthropologie partagée proposée par Jean Rouch. Le langage cinématographique en anthropologie a permis d’explorer des champs longtemps restés marginaux : la durée et la relation espace/temps, les émotions, la relativité des comportements et des valeurs, les traitements comparatifs du corps, les formes culturelles de l’expression de la personne, la mise en scène de la parole et la construction permanente du réel, les modalités concrètes de toutes les représentations.
Ce sont des moyens, désormais, incontournables de prendre en compte une essentielle réciprocité des regards. L’anthropologie visuelle est devenue un champ de recherche et d’expérimentation largement partagé dans le monde et le Bilan aura été l’un des vecteurs essentiels de cet avènement.
Les expériences confrontées au cours de ces vingt cinq années de Bilan, ouvrent aujourd’hui à des interrogations renouvelées sur les modalités instrumentales comme sur la nature des champs d’investigations. Des technologies révolutionnaires sont à notre disposition mais elles n’apportent rien en elles-mêmes si le regard que nous portons sur nous mêmes et sur les autres reste inchangé. Lors du Bilan de 2004, nous avions amorcé une réflexion à propos de ces technologies, conscients d’une nécessaire différentiation des manières de faire dans un champ élargi de l’anthropologie visuelle.
Les expériences présentées à ce Bilan 2006 et la diversité des réalisateurs appartenant à de nombreux pays font largement échos à ces préoccupations. Celles-ci nous ont conduit, pour enrichir s notre réflexion, à proposer en conclusion de ce 25° Bilan du Film Ethnographique un colloque international intitulé :"Du Cinéma Ethnographique à l’Anthropologie Audiovisuelle".
Certains ont parlé d’une crise de l’anthropologie audiovisuelle, il me semble plus vraisemblable d’évoquer une "crise de croissance" à laquelle nous sommes tous conviés de participer le plus largement possible.
Marc H.Piault - President du Comité du Film Ethnographique
Teshumara, les guitares de la rébellion touareg
(Mali, Niger, 2005) - Jérémie Reichenbach (France) - Vidéo, couleur, 55’ - Tamashek, sous-titres français.
Contact : Hibou Production ; hibou-prod@club-internet.fr
La musique et les témoignages des fondateurs du groupe Tinariwen mais aussi la musique traditionnelle et la poésie, content la mémoire de la Teshumara, culture nouvelle issue des évènements politiques et des profonds changements de la société touareg.
La danse de Jupiter
(République Démocratique du Congo, 2005) - Florent de la Tullaye et Renaud Barret (France) - Vidéo, couleur, 74’ - Version française.
Contact : Florent de la Tullaye ; latulle@hotmail.com
La Danse de Jupiter propose un étourdissant voyage dans les ghettos de Kinshasa, à la rencontre d’innombrables musiciens qui se battent pour sortir du néant. Peu à peu, au gré des rencontres et des moments musicaux se dessine le portrait d’une ville en plein chaos animée mais d’une énergie créative stupéfiante...
Hommage à John Marshall, un des « Pères fondateurs » de l’anthropologie audiovisuelle / Entrée libre
Samedi 18 mars, de 10h00 à 13h00 et de 14h30 à 18h30
Vendredi 24 mars, à partir de 21h00 Palmarès et film de clôture / Entrée libre