"Nous n'avons rien appris, nous ne savons rien, nous ne comprenons rien, nous ne vendons rien, nous n'aidons en rien, nous ne trahissons rien, et nous n'oublierons pas."
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Mis en ligne le 11 mars 2006

Détermination des étudiant(e)s et jeunes travailleur(se)s contre le CPE

Intervention des CRS à la Sorbonne
Rassemblement en fin d’après-midi sur la place du Châtelet (samedi 11/03/06)

Évacuation de la Sorbonne :

Le gouvernement ne brisera pas ainsi la détermination des étudiant(e)s et jeunes travailleur(se)s contre le CPE

Samedi 11 mars à 4 heure du matin, les gardes mobiles ont investi la Sorbonne(Paris Centre) occupée par les étudiant(e)s en lutte contre le contrat première embauche. À l’extérieur, les groupes de manifestants, qui étaient encore près de 600 vers minuit, n’ont pu venir à l’aide des occupants assiégés.

Les escadrons de gendarmerie ont agi avec une extrême violence, matraquant, gazant, piétinant les étudiant(e)s à l’aveuglette. Onze personnes ont été interpellées.

Alternative libertaire, dont les militant(e)s ont participé à l’action à l’intérieur comme à l’extérieur de la Sorbonne, dénonce l’évacuation de la Sorbonne par les gardes mobiles.

Nous en dénonçons le caractère politiquement vain, tout autant que la violence des méthodes employées.

La répression policière n’intimidera pas les étudiant(e)s déterminé(e)s à continuer aussi longtemps qu’il le faudra leur action pour le retrait de la loi sur « l’égalité des chances ».

Alternative Libertaire

INFOS LUTTE CPE

Régulièrement mises à jour)

Indymédia Paris

INDY Toulouse

Le ton s’est durci samedi entre le ministre de l’Education nationale et les jeunes hostiles au contrat première embauche (CPE) après l’évacuation de l’université de la Sorbonne par les forces de l’ordre.

Les CRS, sur réquisition du rectorat de Paris, sont intervenus au milieu de la nuit pour déloger quelque 200 manifestants qui occupaient l’université, symbole de mai 1968, depuis une douzaine d’heures.

Onze personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police. Deux autres, un photographe et un manifestant, ont été blessées, ainsi qu’une trentaine de policiers. Dans la foulée, quelques groupes ont tenté de continuer à manifester aux abords de l’université, avant d’être dispersés par les CRS.

Le ministre de l’Education nationale s’est élevé contre des "casseurs" ne représentant, selon lui, qu’une "infime minorité" d’étudiants qui ont pris "le tournant de la violence".

"Quand on voit des jeunes, des étudiants ou des gens qui se prétendent étudiants, qui commencent à détruire le patrimoine national accumulé là depuis des siècles et des siècles, qui déchirent des livres anciens, cassent le matériel, abîment le bâtiment, je crois que c’est une bonne chose que la Sorbonne soit évacuée", a déclaré Gilles de Robien sur France Info.

Ces propos ont suscité une vive réaction de l’Unef, premier syndicat d’étudiants de France. Son président a parlé d’une "provocation" du gouvernement et dénoncé une "tentative de manipulation de la vérité".

"Nous avons l’impression que le gouvernement a décidé de répondre à la mobilisation étudiante par la matraque et la répression", a dit Bruno Julliard. "Si le gouvernement veut continuer à utiliser la force, nous allons vers de graves affrontements."

Des jeunes délogés de la Sorbonne devaient tenter de se regrouper à nouveau dans l’après-midi dans le quartier de la Sorbonne, a-t-on appris auprès de l’Unef.

"UN RISQUE DE CONFLIT"

Une coordination d’étudiants d’Ile-de-France a aussi appelé à un rassemblement en fin d’après-midi sur la place du Châtelet, en face du Quartier latin sur la rive droite de la Seine.

Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, rival de Dominique de Villepin dans la perspective de la présidentielle de 2007, a écourté une visite aux Antilles pour rentrer à Paris gérer la crise des universités.

Le président de l’UMP doit aussi resserrer les rangs de la majorité, saisie par le doute sur la question du CPE.

La gauche, les syndicats et les principales organisations lycéennes et étudiantes appellent à de nouvelles journées d’action, jeudi et samedi prochains.

"Il y a aujourd’hui un risque de conflit qu’il faut que le gouvernement comprenne", a commenté le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande.

"Après ce qui s’est passé à la Sorbonne, avec des images de brutalité", il a une nouvelle fois réclamé que "le gouvernement en termine avec son obstination, son entêtement, et ouvre des discussions sur le retrait du CPE".

"Après l’évacuation de la faculté de Tours la semaine passée, le gouvernement démontre qu’il perd pied, qu’il craint le mouvement de lutte contre le CPE, contre la précarisation généralisée", a pour sa part affirmé le Parti communiste.

Dominique de Villepin va tenter de reprendre la main dimanche soir à la télévision.

Invité du journal du soir de TF1, le Premier ministre espère débloquer la situation par la pédagogie. Il a aussi parlé "d’enrichir" le parcours d’embauche des jeunes pour assortir de contre-parties sociales le dispositif du CPE, un contrat de travail dérogatoire pour les moins de 26 ans assorti d’une période d’essai de deux ans.

Le ministre de l’Emploi, Jean-Louis Borloo, a fourni des pistes jeudi sur RTL, notamment une convention de reclassement, sur le modèle de celle en place depuis avril 2005, pour les jeunes dont le CPE serait rompu au bout de cinq ou six mois.

Selon le ministère de l’Education nationale, vendredi après-midi, huit universités étaient bloquées par la grève contre le CPE et 26 autres "perturbées à des degrés divers" sur les 84 que compte le pays.

L’Unef affirmait pour sa part que 45 universités étaient en grève vendredi.

Dominique Rodriguez / REUTERS


CPE, CNE - L’affaiblissement du droit du travail n’améliore pas le droit au travail !

Réduire le chômage et la précarité professionnelle des jeunes : telle est la justification officielle du CPE, destiné aux moins de vingt-six ans.

Cette supercherie ne trompe guère les intéressés, ni la plupart des salariés. Mais elle mérite d’être mise en pièce à l’aide des connaissances accumulées par plus de vingt ans de travaux de recherches sur les transformations du marché du travail. Car c’est toujours au nom de la lutte contre le chômage en général, contre le chômage des jeunes en particulier - au nom du droit à l’emploi donc - que l’on a déréglementé le travail et multiplié les formes dégradées d’emploi. Le résultat est là : le droit du travail est déjà mis à mal, et le droit au travail reste plus que jamais bafoué. Il y a donc urgence à penser et à faire autrement.

La précarité n’est acceptable à aucun âge de la vie. Mais elle l’est peut-être moins encore quand c’est à l’âge des choix qu’elle vient jeter son ombre sur tout projet de vie, et oblitérer l’accès à de nombreux droits (logement, protection sociale...). Autant la variété choisie des expériences professionnelles et sociales peut aider à se construire, autant la multiplication subie des « petits boulots » entrecoupés de périodes de chômage est destructrice. Plus grave : depuis plus de vingt ans, les nouvelles générations de travailleurs expérimentent ainsi en début de vie active des droits fragilisés et de formes d’emploi dégradées, qu’ils importent et diffusent malgré eux dans l’ensemble du monde du travail.

Car des « stages Barre » au CPE, des dizaines de formules dites d’« emplois aidés » et, ou de contrats de travail dérogatoires à la norme du CDI à temps plein ont vu le jour. Les jeunes en ont été le public privilégié. Mais d’autres catégories de travailleurs n’ont pas tardé à les suivre. Sauf exception - dont les « emplois-jeunes » récemment mis à mort - elles ont donné lieu de la part des employeurs, privés ou publics, à des effets massifs dits « d’aubaine » - un usage instrumental et sans lendemain - ou de « substitution » - des salariés à statut d’emploi dégradé remplaçant sur les mêmes postes des salariés à statut normal. Et quand on visait des publics fragilisés, ces derniers constataient souvent qu’on leur préférait des demandeurs d’emploi mieux armés.

Quant aux CDD et à l’intérim, les restrictions dans leur utilisation et les quelques protections juridiques prévues par le législateur sont trop souvent vidées de leur contenu par la position de force des employeurs sur le marché du travail. Loin de n’être utilisés qu’en cas de surcroît exceptionnel d’activité ou de remplacement de salariés momentanément absents, ils fonctionnent massivement comme norme d’embauche - pour les trois quarts des recrutements -, de mise à l’épreuve interminable, ou comme mode de gestion ordinaire des fluctuations d’activité.

Prise en tenaille entre détérioration des conditions d’indemnisation du chômage et fragilisation des statuts d’emploi, une fraction considérable des demandeurs d’emploi, à commencer par les jeunes de faible niveau de formation, naviguent d’ores et déjà entre chômage et petits boulots. Qui croira que la possibilité donnée aux employeurs de licencier sans motif au cours d’une période de deux ans améliorera leur sort ? Les jeunes les mieux formés, qui échappent encore au chômage et à la précarité durables, ne sont-ils pas ici en ligne de mire ? Comment imaginer que ces jeunes, à la merci de l’arbitraire, pourraient mieux faire respecter que d’autres précaires ce qui resterait de leurs droits ? Qui ne voit, qu’une fois de plus, ils serviraient de cobayes à de nouvelles attaques contre les protections dont bénéficient encore les travailleurs plus anciens ? Après le CNE et le CPE, la fin du CDI n’est-elle pas envisagée sous l’appellation du « contrat de travail unique » ?

La mobilité de l’emploi, tant vantée par les néolibéraux, n’a jamais été aussi forte que lorsqu’elle était volontaire, parce que le chômage était très faible. Aujourd’hui encore, la stabilité des travailleurs dans les entreprises reste forte en moyenne. Non seulement parce qu’elle est contrainte - quitter son emploi est devenu bien plus risqué - mais parce que nombreux restent les employeurs qui savent que la stabilité des collectifs de travail conditionne l’implication professionnelle et les performances productives.

L’affaire du CPE incite à remettre en question bien de fausses évidences et de vraies impasses : à commencer par les dogmes néolibéraux d’une réduction du « coût du travail » et d’une « fluidification » du marché du travail comme remèdes au chômage et aux difficultés d’insertion professionnelle. Avec cette idée que « n’importe quel emploi » vaut mieux que « pas d’emploi du tout », on a multiplié, souvent à coups de milliards, les emplois précaires et à bas salaires, sans réduire pour autant le chômage de masse, d’ailleurs constamment sous- -estimé par les chiffres. Avec ce raisonnement, on peut aujourd’hui travailler... et vivre dans la rue : un tiers des sans-logis ont un emploi. Et on ferme les yeux devant la dégradation du travail et de la santé au travail, provoquées par une mise sous pression et en concurrence généralisée des salariés.

Il est grand temps de renoncer au CPE comme au CNE, d’arrêter d’opposer les intérêts des chômeurs et des travailleurs en emploi, et d’imaginer à l’inverse pour les uns et les autres une nouvelle génération de droits sécurisant les parcours et favorisant les mobilités choisies. Alors seulement droit « au » travail et droit « du » travail pourraient reprendre leur progrès de concert.

Signataires : [1]

Anne-Marie Arborio (sociologue).Jean-Jacques Arrighi (statisticien). Gilles Ascaride (sociologue).Claire Bidart (sociologue). Thierry Blöss (sociologue). Paul Bouffartigue (sociologue). Jacques Bouteiller (socio-économiste). Mariana Busso (sociologue). Élizabeth Brun (sociologue). Salvatore Condro (sociologue). Yves Doazan (sociologue). Mario Correia (sociologue). Anne-Marie Daune-Richard (sociologue). Henri Eckert (sociologue). Corine Eyraud (sociologue). Renato Di Ruza (économiste). Pierre Fournier (sociologue). Bertrand Fribourg (sociologue). Adeline Gilson (sociologue). Saïd Hanchane (économiste). Monique Haicault (sociologue). Boubaker Hlaimi (économiste). Rémy Jean (sociologue). Cathel Kornig (sociologue). Annie Lamanthe (sociologue). Caroline Lanciano (sociologue). Émilie Lanciano (gestionnaire). Séverine Landrier (sociologue). Maria-Eugenia Longo (sociologue). Ariel Mendez (gestionnaire). Dominique Maillard (sociologue). Delphine Mercier (sociologue). Nathalie Moncel (économiste). Sylvie Monchatre (sociologue). Stephan Moulin (économiste). Claude Paraponaris (gestionnaire). Edouard Orban (philosophe). Jean-René Pendariès (sociologue). Francesca Petrella (économiste). Patrick Perez (sociologue). Pierre Roche (sociologue). Frédéric Séchaud (sociologue). Tanguy Samzun (sociologue). Jeanne-Marie Tregan (gestionnaire). Patrick Veneau (sociologue). Éric Verdier (économiste).

source : Le grandsoir.info


A LIRE :

CPE : Dix arguments de M. de Villepin et dix réponses, par Gérard Filoche


MAIS N’OUBLIONS PAS !!

La sécurité de l’emploi est un désir d’esclave

Derrière le refus du CPE on entend d’abord la peur, la peur de ceux qui se savent seuls face aux pouvoirs, d’être encore plus dépourvus face à la suprématie de l’économie ; et cette peur ne trouve d’autre voie que de se traduire en demande de sécurité. Mais justement, alors qu’on implore sa protection, la domination se renforce, et fait disparaître toute niche à l’ abris de la crise économique générale : on transforme le RMI en RMA, on sucre les aides, on accule à l’insertion à tout prix. Et on fait encore mine de s’étonner qu’une société qui en appelle au plein emploi aspire dans le même temps au plein contrôle. Il apparaît pourtant clairement qu’il y a une implication réciproque entre travail et société sécuritaire. Le flicage des chômeurs, des parasites, étant naturellement de premier ordre, il importe également pour le maintien de cet ordre des choses que pèse sur tout un chacun le risque de la déchéance, de l’exclusion, direction case misère.

La précarité est cet espace inconfortable entre danger et sécurité. Toute situation à l’intérieur du monde du travail, c’est-à-dire dans ce monde, est donc une situation précaire. Ceux qui luttent contre la précarisation et le CPE au nom de la défense des « acquis sociaux », comme le droit du travail ou la sécurité de l’emploi, semblent ne pas réaliser la misère dans laquelle le salariat nous maintient. Mais à nous, on ne nous le refera plus, le coup de la mobilisation pour défendre notre confort misérable. Nous ne nous battrons pas pour le maintien du CDI ni pour aucun autre contrat, qui rimerait toujours avec exploitation. La promesse hypocrite d’un boulot épanouissant est loin de nous faire sourire : à voir quel projet de société sert aujourd’hui le travail, elle nous donnerait plutôt envie de donner des coups. Un monde qui veut nous mettre au travail, même avec le sourire, ne nous inspire que de la haine.

On pourrait s’inquiéter, au-delà de la précarité certaine de leur statut, de celle, non moins préoccupante, de la santé mentale des parcmètres humains, metteurs-de-courses-en-sac, et autres téléopérateurs abrutis par l’emploi qu ’ils doivent faire d’eux-mêmes. Et l’on ne saurait ignorer l’explosion simultanée des effectifs dans de tels secteurs d’activité insensés, et dans des spécialités plus concrètement nuisibles (policiers, managers, contrôleurs, vigiles et compagnie ; en un mot, flics de tout poil). Double mouvement qui produit à la fois la promesse de la sécurité, pour qui se soumet tant bien que mal, et la menace de la répression, pour qui vomit à la simple idée de participer à ce monde, ou n’arrive tout simplement pas à s’y conformer. Société du libre choix : Prozac ou matraque.

On nous a si bien appris à nous écraser, à jouer le jeu de la négociation, de la manifestation, de la grève sans lendemain, que les ennuyeuses perspectives des syndicalistes apparaîtraient presque comme un horizon indépassable. On voudrait contenir l’élaboration politique dans un carcan où toutes les alternatives ne font finalement que renforcer le contrôle que la domination exerce sur nos vies. On aimerait ne jamais voir remis en cause les dogmes sur lesquels repose ce vieux monde. On ne saurait imaginer une société basée sur autre chose que le travail, la sécurité, la gestion, où la vie est aussi palpitante qu’un trajet de métro.

Il nous semble évident que le véritable enjeu ici n’est pas de déterminer quel type de contrat nous pourrions négocier, mais de tisser dans la lutte des liens, des complicités qui rompent avec tous les rapports contractuels, afin de répondre pied à pied et coup pour coup aux attaques dont nous sommes cible au sein de la crise généralisée. Ce qui est en jeu, ce que nous mettons en jeu, c’est un sabotage possible des rouages du quotidien, une réponse collective à la situation qui nous est faite, cet état d’exception permanent où tout va mal, et qu’on veut nous faire croire normal. Il nous faut suspendre le cours des choses, donner libre cours aux possibles. Désertons et formulons ensemble les énoncés qui rendent intenables les mensonges des alternatives et des réformes. Traçons une ligne de partage.

Prenons parti.

CNT->http://cnt-ait.info/article.php3 ?id_article=1214]


Contrat Précarité Exclusion

La lutte par procuration, ça n’existe pas !

Après le succès des manifestations du 7 février (400 000 personnes dans toute la France), c’était prendre un risque énorme que d’attendre le 7 mars pour appeler à une nouvelle journée d’action interprofessionnelle contre le CPE et le CNE. Dans l’intervalle, la jeunesse étudiante et lycéenne est restée seule à incarner l’opposition à un projet qui pourtant menace l’ensemble des salarié(e)s. Que faire à présent pour gagner ?

révoltons-nous autant que la jeunesse !

Le CPE, cela ne regarde pas que les jeunes. C’est une mesure stratégique pour le capitalisme : précariser les jeunes travailleur(se)s, c’est exercer une pression sur toutes et tous. C’est par coups de boutoir successifs et ciblés que le pouvoir procède à une régression sociale d’ensemble. Tout le monde sait que si nous perdons cette bataille, le gouvernement s’empressera d’étendre les dispositions du CPE et du CNE (la « période d’essai de deux ans ») à l’ensemble du salariat. Salarié(e)s du privé comme du public, nous pouvons agir. Pas au nom d’une solidarité abstraite avec les étudiant(e)s. Mais concrètement, chacun(e) d’entre nous côtoie déjà au quotidien des collègues soumis à des statuts précaires autres que le CPE. Dans chaque établissement, dans chaque secteur, il est possible de lutter contre la précarité sans se limiter à la revendication d’abrogation du CPE.

Après la manifestation du 7 mars, organisons dans chaque établissement des assemblées générales pour tirer le bilan de cette journée, et débattre des suites à lui donner. Face à cette tentative de démolition du code du travail, les salarié(e)s devraient être en mesure d’apporter une réponse à la hauteur, et poser la question de la grève générale. Si pour l’heure nous n’en sommes pas là, rien n’interdit de garder cette perspective à l’esprit.

Construisons la convergence étudiant(e)s/salarié(e)s

Étudiant(e)s et salarié(e)s n’ont pas forcément les mêmes rythmes de mobilisation. Mais l’attitude qui a consisté jusqu’ici, pour l’essentiel, à « déléguer » la lutte à la jeunesse, est suicidaire. En de nombreux endroits, des sections syndicales souhaiteraient agir en solidarité, mais n’osent pas ou ne savent pas comment, en l’absence d’une stratégie offensive des directions confédérales. Il est crucial de tisser des liens directs étudiant(e)s/salarié(e)s Dans la lutte, gardons le souci de l’unité et de la démocratie Le système politique actuel ne nous habitue pas à la démocratie réelle, celle des assemblées générales. Certains groupes politiques en abusent, s’essaient à la manipulation des AG, piétinent l’éthique syndicale, bafouent la démocratie. Cela ne doit pas nous décourager, mais nous inciter à être fermes sur les principes démocratiques : loyauté des personnes mandatées, mandat impératif ou semi impératif, transparence sur qui parle au nom de qui, etc. Même si certains ont une attitude exaspérante, l’heure n’est pas à la désunion, mais à l’unité d’action. Il sera toujours temps ensuite de tirer des bilans.

N’attendons rien des partis de gauche

Beaucoup de manifestant(e)s ont été écœuré(e)s de la présence de tous les « présidentiables » de la gauche caviar le 7 février. Une défaite de la rue ne déplairait pourtant pas à cette dernière, qui après sa triste prestation dans la « bataille parlementaire » contre le CPE, pourrait se redonner une utilité... en apparaissant comme un recours en 2007. Cette arrière-pensée inavouable n’est pas sans influencer certaines directions syndicales malheureusement liées à ces partis de gauche. Comment expliquer, sinon, leur attentisme ? Il y a là un énorme enjeu politique. Savoir à qui il revient d’incarner l’alternative : à une gauche institutionnelle sclérosée, ou à la « gauche de la rue », celle des grévistes et des manifestant(e)s ?

Que la « gauche de la rue » ne compte que sur elle-même ! Battons-nous contre le CPE-CNE, dans l’optique de changer la société, pour la redistribution des richesses, pour l’autogestion, pour l’égalité, pour en finir avec le capitalisme.

Nous ne voulons pas d’un nouveau 1981 !

AL


Travail précaire, esclavage moderne !

Après les manifestations du 7 février et la mobilisation triple du 7 mars qui a rassemblé plus d’un million de lycéen-ne-s, étudiant-e-s et salarié-e-s dans les rues, la lutte contre le CPE et le CNE se poursuit principalement dans les facultés. Pourtant cette énième attaque de l’État et du Capitalisme nous vise tous et toutes sans distinction, travailleurs, précaires, chômeurs, jeunes...

Le CPE et le CNE ne sont pas tombés de la dernière pluie, ils s’inscrivent dans une succession d’agressions ininterrompues depuis près de 30 ans de la part du patronat et des gouvernements de droite et de gauche pour exploiter et opprimer les franges les plus pauvres et précaires de la jeunesse (1977 : Pacte pour l’emploi des jeunes (Raymond Barre) ; 1983 : SIVP - Stage d’initiation à la vie professionnelle (Pierre Mauroy) ; 1984 : TUC - Travaux d’utilité collective (Laurent Fabius) ; 1986 : Plan d’urgence (Jacques Chirac) ; 1988 : CES - Contrat emploi solidarité (Michel Rocard) ; 1991 : Plan exo jeunes (Edith Cresson) ; 1993 : CIP - Contrat d’insertion professionnelle (Edouard Balladur) ; 1997 : Emplois jeunes (Lionel Jospin) ; 2002 : CJE - Contrat jeunes en entreprise (Jean-Pierre Raffarin) ; 2003 : CIVIS - Contrat d’insertion dans la vie sociale (Jean-Pierre Raffarin) ; 2006 : CPE - Contrat première embauche (Dominique de Villepin)...).

Le CPE et le CNE se situent également dans la continuité des attaques lancées contre les retraites, la Sécurité sociale, les services publics, les salaires... C’est une société de régression sociale, de misère et de précarisation généralisée que nous prépare le gouvernement : si nous laissons faire, le CPE et le CNE s’étendront à l’ensemble du salariat et c’est le CDI et l’ensemble du Code du travail qui disparaîtront.

Seulement nous savons que la colère de la jeunesse ne suffira pas, les travailleurs du public et du privé ne peuvent faire l’économie d’une lutte qui nous concerne tous et toutes. Pour cela il est vital de réaliser à la base la jonction entre salariés et étudiants, car ce n’est qu’ensemble que nous pourrons construire par l’unité des luttes et par la grève générale le rapport de force pour gagner.

En persévérant dans la stratégie démobilisatrice des journées d’action de 24h00 (4 octobre, 7 février, 7 mars...), les partis politiques et les bureaucraties syndicales tentent de contrôler une colère et de la canaliser à leurs profits à des fins électoralistes. Nous savons pertinemment que la Gôche au pouvoir n’a rien à envier à la Droite en matières de politiques antisociales et de précarisation, ils se disputent sans fin le privilège de gérer le capitalisme et ses conséquences criminelles à coup de matraque et de Prozac.

La précarité est indissociable du salariat et le salariat est indissociable du capitalisme. Ce n’est ni dans l’alternance au pouvoir politique, ni dans l’illusion d’un capitalisme à visage humain ou citoyen, que nous pourrons nous opposer véritablement à la précarité et à la misère, pour cela, il faut abattre le capitalisme et son corollaire répressif l’État.

Pour ne plus subir, nous devons dès aujourd’hui :

-  Créer, investir, renforcer et multiplier les assemblées de lutte ;
-  Fédérer sur une base locale, régionale et hexagonale les collectifs, comités et assemblées ;
-  Développer les pratiques anti-autoritaires d’autogestion, de démocratie directe, de mandats impératifs, de révocabilité des mandatés et de fédéralisme ;
-  Construire des liens de solidarité et d’entraide entre les individus et entre les collectifs en lutte ;
-  Généraliser la grève et les occupations dans les universités, les lycées et dans le monde du travail.

Pour un autre futur, nous nous battons aujourd’hui pour :

-  Pour une société libre, sans classe ni État ;
-  L’égalité sociale, économique de tous les individus ;
-  La possession collective des moyens de production et de distribution ; - L’égalité dès la naissance des moyens de développement, c’est-à-dire d’éducation et d’instruction dans tous les domaines ;
-  L’abolition du salariat, de toutes les institutions étatiques et formes d’oppression et de domination.

Fédération anarchiste

A LIRE sur iSO.mEtRiC :

-  Lutte CPE : Quelles perspectives d’action

-  Les enjeux sociaux et républicains de la bataille contre le CPE au sein des entreprises

-  CPE : Une précarisation par le droit

-  Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés

Publié le samedi 11 mars 2006
Mise à jour le samedi 11 mars 2006

Popularité: 53 /100


Vos commentaires:

> Détermination des étudiant(e)s et jeunes travailleur(se)s contre le CPE

Pour mémoire, c’est lors de la crise universitaire du XIIIème siècle, que les étudiants et profs de la Sorbonne (pourtant des clercs) ont obtenu du pouvoir (pourtant royal) l’interdiction pour la maréchaussée (la gendarmerie d’Ancien régime) d’intervenir à l’université...

ZGAL 2006-03-11 15:53:21

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