Les débats et leurs enjeux
Samedi, Capitade* au Capitole.
Conteurs, musiciens, chanteurs, raconteurs de blague, poètes, danseurs, slammeurs, cirqueurs, magiciens, théâtreurs, conférenciers, débatteurs, s’exprimant dans la pluralité des langues parlées à Toulouseou exprimant la pluralité des cultures vivant à Toulouse, se succèderont sur la place, à l’intérieur de périmètres fluctuants, gérés par plus de cent associations toulousaines (associations de communautés linguistico-culturelles, associations de lutte contre les discriminations).
Extension logique du forom du dimanche (où l’on retrouve les mêmes langues, les mêmes artistes) mais dans un cadre et un esprit différent : l’absence de scène surélevée et sonorisation, le côtoiement de conférenciers universitaires et de raconteurs de blagues, la nuit tombante, le fait que ce soit la première, tout cela oblige à ce que nous soyons tous organisateurs (association et public) pour inventer une nouvelle forme de notre vivre ensemble.
Il s’agit donc d’un exercice pratique de « conviviença ». Non pas l’étalage d’une « co-existence » possible dans la tolérance feutrée, mais la mise en scène, sur une espace réduit, d’une aventure commune : la réussite de cette soirée est d’autant plus conditionnée par la force des rencontres et des débats entre tous que ces rencontres et ces échanges sont, en fait, le but lui-même.
* Capitade : francisation de capitada, succès, du verbe occitan capitar, réussir. C’est le nom que nous donnons à cette longue soirée de paroles, musiques, danses..., qui est aussi un hommage à la place Jama El Fna de Marrakech.
La Capitade au Capitole contribuera à œuvrer pour une Toulouse Capitale, son objectif. Pour en finir avec les capitulades habituelles du provincialisme, que toutes nos actions mettent en capitolade.
Dimanche, des stands et des débats
Rien ne change. Pas besoin de neuf mais de persévérance dans notre action*. Dont la popularité s’accroît lentement, à Toulouse et ailleurs (plus de 15 Forums, dont 2 à l’étranger, et prochainement à Liège).
Au milieu des stands, comme d’habitude, les débats. Avec le Groupe Français d’Éducation Nouvelle, sur la poésie et l’écriture. Avec le professeur Mohamed Benrabah, sur le problème linguistique en Algérie. Et le débat central, sur ce projet d’allure fantastique de Déclaration Universelle des Devoirs envers les Langues et les Cultures, nécessaire pendant de la Déclaration des Droits de l’Homme. Qui se travaille toute l’année. Qui, cette année, franchira une étape nouvelle avec la lecture, par Henri Meschonnic, des trente-deux premiers articles qu’il propose et qu’il soumet, par notre intermédiaire, à la réflexion de tous les peuples du monde.
Nous parlerons aussi du volet juridique du projet de Déclaration avec des professeurs de droit, des juristes et des avocats spécialistes qui ont pris conscience du caractère pionnier de ce projet. Parce que le caractère pionnier de la réflexion intellectuelle pousse les juristes eux-mêmes à défricher des terrains nouveaux.
* Notre philosophie toulousaine de la pluralité culturelle (tension entre les œuvres des différentes cultures sur la base de la reconnaissance de l’égalité des langues) s’oppose totalement à toutes les idéologies de la diversité culturelle (défendue aussi bien par l’Europe que par nos politiques français, de droite et de gauche, ou encore les régionalistes, les porte-paroles des minorités, les alter-mondialistes, etc), notion inerte qui ne connaît les langues que comme « outil de communication » et qui postule l’utopie d’une pacification généralisée sur ce front. Qui exclue donc le rôle des cultures et l’affrontement nécessaire des œuvres. Exclue donc la vie. |