http://iso.metric.free.fr

Accueil | Retour

Publié le 22 octobre 2004 par iso
http://iso.metric.free.fr/article.php3?id_article=23

Lettre ouverte aux médias libres parisiens...
Devant l’Assemblée Nationale
Samedi 23/10/04 à 15h

venez-donc devant l’assemblée nationale samedi 23 à 15h pour faire ce que vous faites le mieux, utiliser vos compétences pour relayer le message du peuple en colère et ainsi faire trembler ceux qui se pensent puissants

 


IMMOBILISME ? RIEN D’ÉTONNANT !

Vous prendrez bien un peu de latin pour commencer ?

On peut dire aisément d’une bonne partie du milieu alternatif parisien : « Vanitas vanitatum, et omnia vanitatum ! - Vanité des vanités, tout est vanité ». Sur le même schéma que celui des médias classiques, il existe une concentration altermédiatique dans la capitale qui exerce son influence sur toutes les initiatives provinciales. Cela n’aurait aucune incidence fâcheuse si elle était bonne.

Malheureusement, ce n’est pas le cas. Bien souvent c’est le désintérêt pour ce qui ne vient pas de soi qui l’emporte, et parfois même, le mépris sous ses formes les plus sournoises, l’immobilisme et le silence. Il y a donc beaucoup de progrès à faire pour que ces médias qui se veulent l’écho des sans voix arrivent à faire fi de leur parisianisme afin de tenir enfin toutes les belles promesses qu’ils nous ont faites dans le passée sur un futur devenu présent qui témoigne de leur envasement.

On pourrait dire aussi de ce communiqué que : « Veritas odium parit - la franchise engendre la haine ». Mais je ne le crois pas, même si de fins latinistes ont écrit des choses plus que sensées, ils se sont, comme tout humain qui se respecte, laissés parfois aller à raconter quelques conneries. Un discours net, franc et amical entre personnes qui militent dans le même but ne peut pas faire de mal, loin de là. Puisque abcès il y a, crevons le !

1) Pourquoi en sommes nous arrivés à cet immobilisme crasse ?

Le militantisme tricolore est atteint d’une maladie grave : le parisianisme. Attention, ça peut s’attraper très vite. Pour sûr, je reconnais volontiers que ce n’est pas facile de faire du bénévolat quand beaucoup de ses compagnons de lutte d’antan sont maintenant installés à des postes confortables dans les bureaux dorés des organes au service de la gauche d’en haut. Mais de là à employer les mêmes méthodes stupides que le monde marchand, qui a sa propre logique, pour les appliquer dans le microcosme des médias libres, il fallait oser. Par définition, le monde du libre n’a pas de clients à séduire, il n’a rien à vendre et tout à donner, c’est autant de bonnes raisons de travailler en coopération. Mais que voulez vous, la quête de la gloriole est plus forte que tout, et tout ce joli p’tit monde se défend à demi-mot de la pratiquer.

2) Pourquoi le courant a-t-il du mal à passer entre médias indépendants et militants ?

Ce n’est pas un euphémisme que de dire que les médias prétendument libres préfèrent de loin couvrir les grands raouts médiatisés de ceux qui parlent de misère le ventre plein et qui vendent leurs belles théories sur l’autre monde clé en main à grand coup de livres édités chez nos pires ennemis, plutôt que les actions des anonymes et des sans-grade. Ils aiment les grandes kermesses où des universitaires de tout poil feignent de s’adresser au peuple dans un langage bien trop châtié pour qu’il puisse le comprendre. Ces personnes se comprennent-elles elles-mêmes ? L’histoire ne le dit pas, tout ce que nous en retenons c’est le climat de complète autocongratulation qu’engendre ces tristes sires qui fond le vide dans les esprits par un trop plein de bons sentiments dégoulinants de mievrerie condescendante déclamés avec toute la rhétorique qui leur est propre. Pourtant, pendant ce temps là, bien loin des tours d’ivoire des ténors de l’altermondialisme qui n’ont rien à envier à cette gauche qui nous gouvernait naguère, le peuple s’en prend plein la gueule et le carnage social continue inexorablement.

Et au milieu de ce grand satisfecit malsain autour d’un onanisme intellectuel puant, coincés entre le marteau et l’enclume, il y a nous, les pauvres couillons du peuple qui doivent se nourrir de beaux discours qui ne se mangent pas en salade et qui doivent conduire leurs actions sans logistique altermédiatique. Il ne faut surtout pas faire d’ombre à nos grands penseurs qui fustigent d’un ton feutré une société dont ils profitent comme des nababs du show-business. La société du spectacle de gauche n’a rien à envier à celle du capitalisme, bien des philosophes se retourneraient dans leur tombe en observant le bien triste manège de cette néo-nomenclature.

En attendant il nous faut informer avec les moyens du bord. Ceux qui ne savent pas rédiger ou qui n’ont pas accès à internet seront priés de gémir en paix, et si de plus ils sont nuls au point de ne pas posséder d’appareil photo numérique et de ne rien comprendre à la vidéo, il faudrait qu’ils pensent à être moins bête, c’est tout.

Bon ok, j’ai grossi un peu le trait, mais pas tant que ça... Et pour vous en persuader, je vais donner quelques bons conseils à tous ceux qui souffrent en silence pour qu’enfin les altermédias daignent se bouger pour eux [pour ceux qui en font partie, cochez les méthodes qui vous paraissent pertinentes. Celle ou celui qui a tout juste gagne une entrée gratuite pour le prochain FSE avec une carte d’accès VIP en prime]

-  a) Écrivez un livre sur un sujet de société à la mode alter et faites le éditer chez les éditions du petit baron. Les médias libres adorent traiter les sujets que leurs confrères du monde marchand ont déjà mis en avant préalablement. Traiter l’info sous un angle différent est leur credo. Le problème est que leur avant-gardisme revendiqué, valeur si chère à tout bobos qui se respecte, font qu’ils réinventent le fil à couper le beurre à chaque fois que l’occasion se présente, faisant ainsi le jeu du monde marchand par le biais du principe des vases communicants.

-  b) Organisez un grand week-end mondain à 20 € l’entrée. Surtout, n’oubliez pas de placer des buvettes un peu partout, avec des consommations à 3 € (19,68 francs) et des très mauvais casse-dalles à 5 € (32,80 francs) que les militants pourront toujours dévorer à pleines dents entre deux débats sur la malbouffe. Le coca-cola qui fait glisser le tout, sera quant à lui à siroter pendant les débats sur l’impérialisme américain. Pas de pop-corn au programme, le maïs transgénique ça fait pas branché alter. Il vous faudra aussi des chapiteaux que vos copains du parti socialiste, ou autre émanation de la gauche qui se veut pluriel, vous prêteront aimablement, pourvu que vous leur laissiez une tribune pour qu’ils puissent distribuer leurs somnifères verbaux [perso, les discours de la gauche pluriel, je les préfère en suppositoire. Et vous ?].

Attention, ce n’est pas fini ! Il vous faudra aussi inviter quelques personnalités emblématiques de la révolution de salon [la gauche d’en haut adore faire des pompes sur le dos], n’hésitez surtout pas à inviter les plus polémiques du moment, c’est très très bon pour faire monter l’audimat militant. Ça fait rebelle d’aller soutenir ceux que les médias institutionnels ont décrié, même si c’est à juste titre, c’est pas grave, les idéaux on s’en fout, ce qui compte c’est d’être là et d’être remarqué, ne serait-ce que pour faire chier... enfin bref, tous les ingrédients indispensables pour un bon placebo contestataire.

Pour faire venir vos intervenants classés quatre étoiles sur le guide alter, il vous faudra leur payer le TGV (voire même l’avion) en première classe, bien les nourrir, les loger et, pourquoi pas, leur glisser une petite enveloppe sous la table. N’oubliez surtout pas de leur promettre une couverture médiatique à la dimension de leur statut de superstar, c’est la condition sine qua non pour qu’ils viennent ambiancer tous les mougeons qui auront fait le déplacement grâce aux altermédias qui auront rabattu le troupeau dans un grand moment de consensus de rigueur dans ce cas, histoire qu’ils aient chacun une part du gros gâteau de merde, un soupçon de reconnaissance consenti à doses infinitésimales [c’est bon pour beaucoup de se sentir acteur dans l’immobilisme des autres.

Il parait que ça donne l’impression d’exister. Un peu comme la télé en somme...]. Précision importante : n’hésitez pas à taper haut concernant la stature médiatique de vos invités. Plus vous tapez haut, plus il y en a de moins importants qui viendront gratuitement montrer leur nombril. C’est ce que l’on appelle plus communément la moujeonade. Le moujeon attire le moujeon, c’est bien connu. Bien sûr, vous allez me dire que c’est irréalisable, car il faut avancer beaucoup d’argent pour mettre ça en place. Que nenni ! On est dans une société capitaliste, ne l’oubliez pas. Personne n’empêche un altermondialiste d’aller pousser la porte d’une banque pour faire financer son projet.

L’important c’est de concrétiser son action - ben voyons. Pour convaincre votre banquier, préparez un bon plan de financement. Après étude des chiffres que vous lui fournirez, il pourra constater en deux coups d’iris que c’est un retour rapide sur investissement qui pourra déboucher sur un copieux bénéfice. Du coup, il vous proposera même de vous prêter un beau podium aux couleurs de sa banque en échange d’un taux d’intérêt plus bas.

Mais il y a encore mieux ! Si vous êtes un peu introduit dans le milieu altercapitaliste, le plus simple c’est d’aller demander une avance de fonds aux partis de gauche, leurs caisses sont pleines et ils se feront un plaisir de vous aider tant que vous leur permettez de nous faire avancer dans l’immobilisme.

-  c) Autre grand classique : les saint-bernards musicaux. Personne ne vient à vos rendez-vous du lundi ? Personne ne parle des expulsions dans les squats ? Personne pour venir à la manif’ des sans-logis ?... Enfin bref, presque personne ne s’intéresse à votre lutte et c’est vraiment trop injuste. Alors, plutôt que de développer le syndrome de Calimero, invitez Manu Chao et ses potos ! Là au moins ça aura une autre gueule que tous ces petits groupes militants à la con qui soutiennent nos actions à longueur d’année et qui s’investissent réellement à nos cotés. Certes, pour Manu Chao et ses potos, il vous en coûtera bonbon, à moins que ces derniers ne soient en période de promotion.

Pas évident à mettre sur pied, mais dites-vous bien que le jeu en vaut la chandelle, avec cette méthode vous intéresserez à coup sûr le p’tit monde des medias libres. C’est exactement le même principe qui prévaut pour faire bouger les médias à solde de Dassault et Lagardère, il faut savoir créer l’évènement - tout comme pour la fête de l’huma.

Vous pensez bien ma p’tite dame, vous pensez bien mon bon monsieur que si une star de la musique se déplace pour une cause, c’est que forcément elle est plus importante que toutes les autres. Ne vous y trompez pas, le niveau de moujeonage dans les médias libres est au même niveau que celui des autres médias.

Le mot égalité, il est beau sur les papiers à entête des ministères, sur les frontons des bâtiments républicains, sur les pages d’accueil des sites altermédiatiques déclinés en mille citations convenues et dans le cœur des militants, mais elle n’est aucunement appliquée par ceux qui se disent à vos cotés.

Le nombril du plus gros l’emporte toujours. Autre solution plus simple, dans le même état d’esprit, devenons tous célèbres, comme ça nos luttes avancerons. A partir d’aujourd’hui déclarons nous toutes et tous stars de la contestation et faisons la une du journal de Claire Cheval pour le plus grand dam de la ploutocratie.

-  d) Cumulez les trois premiers points, comme ça, au moins, même si vos luttes stagnent, votre compte en banque gonflera de manière considérable.

3) Quand ça ne marche pas, faudrait peut-être voir à changer d’attitude ?

Le bilan de cette réplique inconsciente du comportement des médias du système marchand, c’est une désertion des altermédias par les militants (cf - la fréquentation de l’Hackt-1 et l’audience minuscule que ces médias réalisent auprès du public. Même en les mettant tous bout à bout on doit arriver à zéro virgule zéro quelque chose d’audimat, écrit en lettre ça rend le chiffre moins ridicule).

Vous pensez bien qu’en faisant un travail bénévole avec infiniment moins de moyens que les médiarques et en servant la même soupe, qu’à choisir entre la peste et le choléra, le militant, même vacciné, s’enfuit loin du foyer infectieux. Parfois, à bout de force, ceux qui luttent n’ont plus d’autre choix pour se faire entendre que de se tourner du coté des médias classiques. Grave erreur qui leur vaut que, dans la majorité des cas, leurs discours soient souillés par les chiens de garde du pouvoir et de l’argent.

4) Des solutions ?

Oui des solutions pour endiguer cette crise il y en a, et elles sont simples.

-  a) Arrêter le moujeonage altermédiatique et accompagner toutes les initiatives militantes avec la même vigueur. C’est-à-dire ne pas répliquer le comportement des médias classiques en ne sombrant pas dans le sensationnalisme événementiel, fruit des stratégies repiquées sur des stratégies marketing empruntées aux capitalistes les plus purs et durs.

-  b) Que les médias indépendants se définissent enfin comme des acteurs de la lutte à part entière plutôt que comme des alternatifs de l’information. La nuance parait infime, mais en réalité elle est de taille. Dans le premier cas, ils sont vraiment aux cotés des militants et des simples citoyens. Dans le deuxième cas, ils ne sont que des alternatifs qui peuvent basculer à tout moment dans les mêmes travers que leurs collègues du monde marchand et, pourquoi pas, risquer de venir les rejoindre un jour. Ce n’est pas les exemples qui manquent, plein de belles initiatives libres et gratuites sont devenues payantes aujourd’hui, avec un petit vernis contestataire conservé histoire de faire avaler la pilule aux nostalgiques des débuts glorieux.

-  c) Arrêter au plus vite les querelles de clocher. On s’en fout de savoir si machin est communiste, si truc est chez les verts, si bidule est libertaire, combien touche trucmuche, qui couche avec qui, où travaille machinchouette ... Un peu de décence ! Quand on connaît le nombre de morts que le capitalisme provoque à la seconde, l’urgence est plutôt au consensus qu’autre chose.

Quand on en sera à se chamailler parce qu’au deuxième tour des présidentielles deux candidats de la gauche alternative seront au coude à coude, c’est que l’on aura fait du bon boulot ensemble. En attendant la récréation est finie, il faut monter au créneau.

-  d) Travailler en coopération et ne plus se tirer dans les pattes. La bonne entente entre altermédias n’est qu’une bonne entente de façade. Là encore, c’est la logique d’entreprise qui l’emporte au détriment de l’efficacité de la lutte, les vieux démons de la concurrence sournoise font leur office en sous-main. Bien sûr, tout le monde se connaît, se tutoie, et parfois même, se côtoie à de rares occasions. Quand untel ou untel est victime de telle ou telle tragédie qu’il se plait à monter en épingle [Le médiactiviste d’avant-garde aime être victime de ceci ou cela. Ça fait sensation dans les soirées mondaines altermédiatiques où l’autocongratulation est plus que de mise et où chacun peut y aller d’une tirade sur son glorieux bilan, tel un général exhibant fièrement ses médailles de pacotille, toutes gagnées lors de cuisantes défaites. En ces rares occasions où les altermédias se fréquentent - bien souvent par obligation, tout le monde enlève son tee-shirt pour montrer ses cicatrices de guerre. Les plus courageuses et courageux vont même jusqu’à enlever leur pantalon pour montrer leur trou de balle, soi disant hérité au cours d’une bien hypothétique joute contre des forces occultes au service de big brother.

Eh oui, le médiactiviste d’avant-garde est aussi très parano, dans ses fantasmes les plus insolites, il voit des conspirations fomentées contre lui par des moulins qu’il prend pour des dragons prêts à en découdre avec lui tellement qu’il est balaise. Du coup, tel un politicien déphasé de la réalité sociale, il ne voit même plus où sont les vrais problèmes. Ceci plus cela faisant qu’il ne remplit plus son rôle, allant même parfois jusqu’à induire en erreur son public qui attend depuis belle lurette qu’il le conduise sur la bonne voie, celle qui le sortira des sables mouvants de la casse sociale dans lesquelles nous nous enfonçons tous], il rédige des communiqués condescendants pour soutenir ses camarades et néanmoins concurrents, en se disant qu’il aurait bien aimé que ce soit lui qui soit victime de ces problèmes afin de faire grimper son audimat. Bien sûr, il ne s’agit pas là de faire monter le prix de ses recettes, mais le niveau de son ego.

-  e) Arrêter de faire des bilans, débats et conférences où l’on réinvente immanquablement l’eau tiède. Arrêter de faire le énième état des lieux d’une situation que tout le monde connaît. Arrêter de gémir et définir une stratégie de combat pour rentrer dans le tas sous peine de voir disparaître tous les médias libres à plus ou moins brève échéance. A l’image de ce qui se passe sur le ouèbe et dans d’autres domaines, bientôt, tous ceux qui seront encore en vie seront noyés sous la masse de l’offre médiartique. Les frêles embarcations du libre ne résisteront pas au tsunami capitaliste.

Le monde marchand a compris depuis un petit moment déjà que la censure la plus efficace et la moins polémique était de multiplier l’offre jusqu’à la rendre supérieur à la demande. Cela produit un phénomène d’overdose qui touche de plein fouet le monde du libre. Certains secteurs étaient épargnés, ce n’est plus le cas et ça ne va pas aller en s’arrangeant.

-  f) Faire de vos structures des structures ouvertes où tout le monde puisse trouver sa place, et non pas des forteresses altermédiatiques opaques, comme c’est bien trop souvent le cas.

Les altermédias n’aiment pas parler d’eux et n’aiment pas trop se mettre en lumière les uns les autres pour des raisons largement évoquées dans ce communiqué. Du fait, on ne les connaît pas et c’est bien dommage. Pendant que le bateau coule, ils préfèrent rester reclus dans leurs structures respectives à attendre la matière plutôt que d’aller la chercher. On a l’audience que l’on mérite, ne l’oubliez pas.

Les altermédias sont loin d’avoir gagnés leurs lettres de noblesses. Ce sera chose faite quand ils se rapprocheront des simples citoyens et qu’ils ne se focaliseront et ne se calqueront plus sur les positions les plus crasses d’une certaine gauche qui sont autant de freins à la lutte que de sources de division. On attend autre chose d’un média libre que des positions stéréotypées et du moujeonage partisan. Ce qu’on demande à un média libre, c’est d’être libre et vivant.

-  g) Ne pas faire la grave erreur de prendre les provinciaux pour des sous-militants, car sur ce point vous êtes encore calqués sur le même schéma que les médias classiques qui pensent qu’un évènement est insignifiant dès qu’il sort de la petite couronne...

-  h) Ça coule de source, fournir un contenu pertinent et de qualité. La majorité du temps, les altermédias ne présentent pas la réalité sociale de manière correcte. De ce fait, à l’instar de leurs ennemis jurés des médiarques, ils distillent une image tronquée de la réalité qui participe à favoriser l’immobilisme. Ce qu’attend le militant qui dort en chaque citoyen(ne), c’est des médias libres qui soient vraiment des médias révolutionnaires en terme d’information.

Des médias qui collent à la réalité quotidienne du commun des mortels français aussi bien qu’un chewing-gum sous une table d’école et qui ne tombent pas dans les panneaux que ne manquent pas de lui dresser les cerbères de la communication au service du pouvoir. Pour faire un travail de qualité quand on dispose de peu de moyens, il n’y a pas quarante solutions, il faut être solidaire, travailler ensemble et donner envie à toutes et à tous de participer le plus largement possible.

-  i) Comme dirait un militant altermédiatique, dont j’apprécie sincèrement l’énergie qu’il déploie pour faire avancer les choses, il se reconnaîtra sans doute, vous ne savez plus faire la fête. Vous qui vous dites médias, vous ne savez plus parler aux autres. En définitive, vous êtes dans la même logique que tous ces cadres supérieurs qui pensent plus à leur carrière qu’à autre chose au détriment de tout le reste, jusqu’au jour où vient la grosse déprime quand ils s’aperçoivent qu’ils sont tout seul au monde. Bien souvent, vous ne vous parlez qu’à vous-même, dans de soporifiques monologues qui ne font bander que vous.

L’avant-gardisme a comme principal défaut d’être très chiant pour les non concernés qui sont une grande majorité. Un peu d’humour de temps en temps, ça ne fait pas de mal, ne pas se prendre au sérieux ça évite la constipation, et faire la fête ça ressemble un max de monde. L’austérité ne paie pas.

-  j) Dernier point, et non des moindres, accepter complètement l’idée que l’on est là pour disparaître. Dans un monde enfin libre, les médias alternatifs seraient un non sens puisque, de fait, tous les médias seraient libres. Pour prendre un exemple, dans un monde libre, une télé alternative comme celle qui commence par un Z et qui finit par un A serait une télé comme une autre, donc plus du tout alternative. La conclusion coule de source : faisons le maximum pour disparaître au plus vite, ou, tout du moins, pouvoir enfin virer les appellations alternatif ou libre de nos médias respectifs.

5) En conclusion

Cette critique vous paraîtra sans doute acerbe, mais je l’estime être justifiée et sincère. De toute façon, il n’y a aucune raison pour que je me morde la langue afin de m’empêcher de parler devant ceux qui prônent la liberté d’expression. Qui aime bien, châtie bien [en plus, j’ai été super sympa, je n’ai cité personne]. La preuve : dans ce flot de critiques négatives, j’en ai aussi de très bonnes à faire. Dans votre grande majorité je reconnais et respecte vos compétences, votre labeur et le cœur que vous mettez pour animer vos altermédias respectifs. C’est un exemple qui donne envie d’être suivi par beaucoup en province. Beaucoup de projets se concrétisent comme ça. Mais il ne faut pas se reposer sur ses pousses de lauriers, pour avancer il faut reconnaître ses erreurs et les corriger. Pour cela, rien de tel que de se fier au regard extérieur et sans concession de ceux pour qui vous oeuvrez. C’est toujours plus malin que de naviguer au pifomètre en pensant que l’on dispose de la science infuse - avant-gardisme oblige.

Maintenant que ma flamme altermédiatique est déclarée et que le débat est désormais dans la rue, je ne peux que vous inviter sans pudeur à venir devant l’assemblée nationale samedi 23 à 15h pour faire ce que vous faites le mieux, utiliser vos compétences pour relayer le message du peuple en colère et ainsi faire trembler ceux qui se pensent puissants.

Jusqu’à présent, nous avons soutenu sans sourciller toutes vos luttes, signés presque toutes vos pétitions, faits votre promotion, relayés vos infos, contribués à vos médias... Aujourd’hui c’est nous qui avons besoin de vous, nous sommes le peuple en colère qui a besoin de liberté et de justice. Nous avons besoin que notre combat qui est aussi à 100 % le votre soit relayé efficacement. Si les médias libres ne le font pas, vers qui se tourner ? Votre place est devant, en première ligne, aux cotés de ceux qui luttent. Affirmer son engagement ou tirer au flanc, il faut choisir.

La réussite de ce combat qui s’annonce sera aussi une mise en lumière des faux amis. A partir de maintenant, les absences au combat seront plus visibles que les présences. C’est comme ça que les rangs de la lutte alter vont se remplir très vite et qu’un vrai débat va s’instaurer dans ce pays pour qu’au final, un autre monde basé sur des valeurs humanistes puisse voir le jour.

Comme le flyer pour l’action de samedi prochain le prouve, nous avons voulu faire de ce combat global pour terrasser le dragon capitaliste une initiative ouverte où tout le monde puisse trouver sa place dans l’autogestion la plus totale. Aucun mot d’ordre particulier, si ce n’est que la coupe est pleine. Pas de logo, pas de nom de collectif ou d’orga mentionnés, pas de référence à un site internet quelconque... bref, tous les ingrédients sont là pour que tout le monde puisse reprendre à son compte cette confrontation tant attendue.

S’il n’y a pas là de quoi flatter les egos parisiens, il y a en revanche de quoi rassembler le peuple en colère qui ne se reconnaît plus dans vos logos, de même qu’il ne se reconnaît plus derrière les banderoles syndicales qui vantent en filigrane l’immobilisme de la couleur politique qu’elles représentent. Le syndicat X prétend laver le capitalisme plus blanc, ce que dément formellement le syndicat Y qui surenchérit en clamant qu’il socialise les taches dans les nœuds.

Comprenne qui voudra, les syndicats en bons lessiviers font les mêmes pubs de merde que ces derniers pour s’attirer les cotisations des consommateurs de moins de 65 ans (qui grâce à leur mollesse collaborationniste est le nouvel age de la retraite). Et pendant que les parisianistes contestataires affichent leurs marques et leurs logos, tels mac-do ou nike sur nos murs, journaux et écrans... les shadocks que sont le peuple exploité continuent de pomper pendant que les ploutocrates et leurs valets dansent. Nous voulons faire de ce combat un exemple pour ceux à venir, un exemple de coopération, de respect, d’efficacité, mais aussi de modestie.

S’il doit y avoir des stars, ce sera le peuple en colère et l’autogestion. Point. Les quidams ne veulent plus être les otages d’idées qui ne leur appartiennent pas, ils aspirent juste à la justice sociale. Il vous faut apprendre à respecter ce discernement, les marques ne font plus vendre. Depuis que les moujeons se sont intoxiqués avec de la vache folle et du capitalisme enragé, ils ne leur font plus confiance et ils ont bien raison.

Maintenant, pour ceux qui feront partie intégrante de ce mouvement, ce sera la preuve que l’on est capable de travailler ensemble et de remporter des batailles quand on sait se parler et faire son mea culpa. Rien n’est figé dans ce monde marchand qui tourne à la vitesse de la fibre optique, il faut sans cesse progresser et s’adapter, c’est plus facile de le faire à plusieurs que chacun dans son coin. Il faudrait être bien prétentieux pour penser que l’on n’a pas besoin d’une bonne autocritique de temps à autre.

Ce n’est qu’après avoir crevé l’abcès que le corps guéri, c’est valable aussi à l’échelle de la société.

Nous avons besoin de médias libres, forts et solidaires pour qu’un contre pouvoir efficace puisse faire basculer l’avanie capitaliste de réalité à simple parenthèse dans les livres d’histoire de l’an 3000, coincé entre royauté et démocratie véritable.

_


A bon entendeur...

 


 

Accueil | Retour