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Publié le 31 août 2005 par iso
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Les familles africaines de nouveaux frappées par le feu à Paris
Sept ressortissants ivoiriens périssent dans l’incendie de leur immeuble
AfriK.com, par Saïd Aït-Hatrit

Sept personnes dont quatre enfants ont trouvé la mort dans l’incendie d’un immeuble, dans la nuit de lundi à mardi, à Paris. Le deuxième depuis quatre jours et le quatrième en quatre mois à frapper la communauté africaine de la capitale. Le bâtiment qui a brûlé était squatté par des familles ivoiriennes. La mairie connaissait bien leur situation mais n’a pas eu le temps de toutes les reloger.

 


Le quartier où vivaient les sept Ivoiriens morts dans l’incendie de leur immeuble, dans la nuit de lundi à mardi, à Paris, n’a rien de misérable. De l’extérieur, le bâtiment qui a pris feu n’est différencié de ceux qui lui sont mitoyens que par son vieux crépi. Ses murs gris dépareillent la suite des façades blanches voisines. Il se situe dans le Marais, l’un des plus vieux quartiers de Paris. Ses immeubles affaissés, aux angles approximatifs, aux façades inclinées et aux ruelles étroites font la joie des touristes et des amoureux des vieilles pierres. Le bâtiment qui faisait face au squat africain est gagné par le lierre, les tuyaux d’évacuation suivent avec précision l’inclinaison des murs. C’est là, au numéro 7, que l’écrivain français Honoré de Balzac a vécu, avec les siens, de 1822 à 1824. De charmantes bâtisses aux murs chargés d’histoire, lorsqu’elles sont entretenues. Des immeubles vétustes et dangereux lorsqu’ils ne le sont plus, comme au 8 de la rue, où deux familles entières ont péri lundi.

Deux familles retrouvées dans les décombres

Il est près de 12h00 et l’accès à la rue du Roi-Doré est bloqué par des barrières, elles mêmes gardées par un policier. En face, les survivants de l’incendie, les proches venus les soutenir, les badauds et les journalistes sont agglutinés sur le trottoir, coincés entre les balustrades posées par la police et le portail de l’imposante paroisse Saint Denys du Saint-Sacrement, qui protège un spacieux parvis de vieilles dalles, fermé. Les portes devraient pourtant être ouvertes, selon les horaires de la messe affichés à l’entrée. « Elles devraient effectivement l’être », indique dans un sourire gêné une habitante du quartier.

Aux pieds de l’immeuble, seuls quelques détritus, bassines et bouteilles de gaz indiquent la panique de la nuit et la présence du feu. Rien à voir avec la violence à laquelle les habitants et 126 pompiers ont eu à faire face. Sur la façade, la suif n’est vraiment visible qu’au 5è étage, au niveau des chambres de bonnes. Mais c’est au quatrième que les secours ont retrouvé les corps carbonisés d’une mère enceinte et de son enfant de trois ans, entre 1h10 et 5h, dans les décombres. Elle était sans doute la mère de l’enfant de six ans décédé à l’hôpital Necker, des suites de ses blessures, après avoir été défenestré. Dans une pièce voisine ont été retrouvés les corps d’un père, d’une mère enceinte de jumeaux et de leurs deux enfants.

Pas d’eau pour éteindre le feu

« Le problème est qu’ils ne pouvaient pas éteindre le feu, ils n’avaient pas d’eau. Ils allaient en chercher à la fontaine. L’autre jour, l’appareil s’est cassé et c’est l’église qui leur en a donné », raconte une habitante du quartier, la soixantaine, pantalon court et chemise rose, jaune et blanche, assortie à la journée d’été qui s’annonce. « Une maman venait tous les jours s’asseoir sur ce banc avec sa fille, une vraie petite poupée. Je crois qu’elle n’a pas été blessée dans l’incendie... », ajoute-t-elle en baissant la voix et en employant déjà le passé.

A quelques mètres, une femme vêtue d’un boubou marron, un foulard noir sur la tête, trop faible pour se tenir debout, est adossée à l’épais mur de l’église. En pleurs, elle est soutenue par trois femmes pour se diriger vers les survivants de l’incendie, en discussion avec les autorités pour être relogées. Non loin d’elle se tient une femme qui paraît moins touchée. Elle se lamente pourtant : « Ma sœur est restée là-dedans avec ses deux enfants, trois avec celui qu’elle attendait. Elle était là depuis bientôt cinq ans. Opéra, le feu de la semaine dernière et maintenant aujourd’hui. Ce n’est plus un accident », s’énerve-t-elle, alors que les femmes qui l’accompagnent acquiescent. Elle en oublie l’incendie d’un bâtiment dans la rue de Pixerécourt, le 29 avril dernier, qui a coûté la vie à un enfant et le déplacement de sept familles d’origine africaine en attente de relogement.

La Mairie suivait le squat

A 12h30, les rescapés se déplacent d’une dizaine de mètres pour rejoindre la rue des Commines. Le maire du IIIè arrondissement, Pierre Aidenbaum, annonce que sur les dix familles sans toit, deux disposeront d’un logement définitif, cinq d’un logement temporaire, les trois restantes ayant accepté de rester provisoirement dans l’hôtel du Marais, devant lequel il s’exprime. Il répète ce qu’il a déclaré le matin même, à savoir que l’immeuble était « habité par une douzaine de familles ivoiriennes - entre 40 et 60 personnes, en tout, dont certaines sans papiers.

« Cela fait des années que j’ai prévenu la préfecture de police des conditions de vie dans ce lieu », indique-t-il. Avant de préciser que la Mairie de Paris a racheté le bâtiment, voilà six mois, par le biais de la Société immobilière d’économie mixte de la ville (Siemp) - comme le squat rue Pixerécourt - mais n’a pas entamé les travaux, attendant de reloger les familles. « Douze l’ont été mais il est impossible de trouver un logement à une famille si l’un de ses membres n’est pas régularisé. Ce qui est une aberration de la loi », s’énerve-t-il. « Les familles ont très bien réagi à nos propositions car elles nous connaissent », ajoute Pierre Adenbaum. Mais à quelques mètres, un jeune homme qui refuse de prendre une décision dans la précipitation tempère : « Nous allons tenir une réunion et ensuite nous verrons ».

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