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Publié le 20 novembre 2004 par iso
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Lettre au Président de la République
Communiqué de presse Soudan
ACAT, Aircrige, Survie, MRAP, CCFD...

Monsieur Jacques CHIRAC Président de la République 55 rue du Faubourg St Honoré 75008 Paris

Paris le 16 novembre 2004

 


Objet : Réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Darfour à Nairobi

Monsieur Le Président de la République,

Les combats entre forces gouvernementales et rebelles se sont intensifiés au Darfour depuis septembre 2004. La population civile reste toujours la proie d’attaques ciblées d’éléments armés pro-gouvernementaux : les Janjawids. Pillages, harcèlements, violences sexuelles, tortures, meurtres, les habitants du Darfour continuent à fuir leurs villages en grand nombre. Selon les Nations unies, ils sont dorénavant 1,4 million sur les routes. 1,89 million de personnes souffrent de faim. Plus de 70.000 personnes sont déjà mortes depuis mars 2003 des suites des massacres, de maladie ou de malnutrition. Nous ne pouvons pas accepter cela !

Malgré les différentes résolutions des Nations unies sur le Darfour, la communauté internationale est incapable d’empêcher la politique de nettoyage ethnique du gouvernement soudanais. Les autorités soudanaises utilisent continuellement des tactiques de diversion pour gagner du temps et continuer leur politique de terre brûlée. Les promesses faites ne sont jamais tenues !

Face à l’aggravation des conditions des droits de l’homme au Darfour, malgré la signature des deux protocoles d’accord humanitaire et sécuritaire par les parties en conflit à Abuja le 9 novembre 2004, la France doit adopter une position ferme auprès des autorités soudanaises. Elle doit sortir de ses réserves actuelles, prendre des mesures à l’égard de Khartoum afin de faire cesser cette situation.

Alors que le Conseil de Sécurité des Nations unies s’apprête à tenir une réunion exceptionnelle consacrée au Soudan, les 18 et 19 novembre à Nairobi, nous, associations françaises concernées par les graves abus commis au Darfour, demandons à notre gouvernement d’adopter les recommandations suivantes :

1. Concernant l’aggravation de l’insécurité • Condamner avec la plus grande fermeté :
-   Les crimes commis par toutes les parties en conflit ;
-   Les déplacements forcés orchestrés par les autorités soudanaises ;
-   Les pressions constantes des forces soudanaises sur les déplacés pour qu’ils retournent contre leur gré dans leurs villages ou pour qu’ils changent de camps. • Accentuer les pressions sur le gouvernement soudanais pour que les milices soient désarmées et exclues des tâches ayant trait à la sécurité des camps de déplacés et retirées de la région ;

.../...

2. Concernant les sanctions envisagées • Promouvoir un embargo international avec effet immédiat sur les livraisons d’armes à destination du Soudan et sur les exportations de pétrole soudanais jusqu’à ce que le Gouvernement soudanais tienne les engagements pris.

3. Concernant le déploiement de la Mission africaine au Soudan (l’AMIS) • Renforcer l’aide financière, technique et logistique auprès de l’AMIS, pour un déploiement rapide des troupes et des observateurs de l’UA ; • Etre davantage présent sur le terrain, mettre à disposition des Nations unies, en nombre suffisant, des observateurs pour veiller au respect des droits de l’homme au Darfour ; • Renforcer le mandat de l’AMIS afin de permettre aux forces africaines de mieux protéger les populations civiles ; • Encourager les pays africains amis à envoyer des troupes au Darfour dans le cadre de l’AMIS.

4. Concernant les négociations de paix en cours à Naivasha entre le gouvernement du Soudan et le SPLM/A sous les auspices de l’IGAD Il est important qu’un accord global reprenant l’ensemble des protocoles d’accord soit enfin signé dans les meilleurs délais entre le gouvernement du Soudan et le SPLM/A. L’aboutissement du processus de Naivasha permettrait d’intégrer le SPLA et d’autres groupes d’opposition dans le gouvernement, ce qui provoquerait un changement dans la gestion politique du dossier Darfour. Nous demandons donc à la France, en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité de : • Faire pression auprès des deux parties, et notamment du gouvernement soudanais, pour que le processus aboutisse ; • Veiller à ce que chacune des deux parties respecte ses engagements respectifs.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre haute considération.

Sylvie BUKHARI de PONTUAL Présidente de l’ACAT-France

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Associations signataires :

-   ACAT-France
-   Aircrige
-   CCFD
-   Comité Soudan
-   Justice et Paix-France
-   MRAP
-   Secours-Catholique
-   Survie
-   Vigilance Soudan

L’ACAT-France est affiliée à la Fédération Internationale de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, ayant statut consultatif auprès des Nations-unies, du Conseil de l’Europe et de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples.

 


 

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