Pour démarrer l’année 2006, les éditions Homnisphères ont choisi d’apporter leur contribution au travail de mémoire sur la douloureuse question de la traite atlantique et de l’esclavage qui devrait, la date commémorative du 10 mai aidant, s’inscrire enfin dans la « mémoire française ». Mais les processus de mémoire et du souvenir ne sont pas des données gratuites, d’autant qu’à culture dominée, mémoire dominée, à civilisation dominante, mémoire dominante. La prise de conscience collective qui s’amorce tardivement en France en est le meilleur exemple et suppose d’ouvrir sans tabous un vrai travail de mémoire et de débats afin de sortir d’un face à face pervers entretenu ici et là. Pour cette raison, l’ouvrage collectif ESCLAVES NOIRS, MAÎTRES BLANCS, entend apporter des éclairages essentiels sur les différents aspects - moral, social, politique, juridique, économique - de ce crime impuni.
Nous aurions pu en rester là. Mais nous avons voulu aller plus loin et déborder sur la question « dite Noire », si fortement présente dans le débat public. Avec l’ouvrage DU CRIME D’ÊTRE « NOIR », le philosophe Bassidiki Coulibaly pose avec courage, lucidité et intelligence - notamment via l’histoire des traites négrières musulmanes et chrétiennes (qui ont ravagé le continent africain) ainsi que des différentes résistances africaines à la domination coloniale - l’épineuse question de « l’identité noire » aujourd’hui. Un ouvrage de salubrité publique pour sortir du conditionnement idéologique et réveiller les consciences endormies.
ESCLAVES NOIRS, MAÎTRES BLANCS
Quand la mémoire de l’opprimé s’oppose à la mémoire de l’oppresseur
COLLECTIF sous la direction de Aggée C. Lomo Myazhiom avec les contributions de : Christiane Taubira, Henri Bangou, Auguste Armet, Yoporeka Somet, Kofi Adu Manyah, Aimé Césaire, Buata Malela, Cyr-Henri Chelim, Martial Ze Belinga, Bassidiki Coulibaly, Louis Sala-Molins.
Par son ampleur et sa durée, son étendue dans l’espace (Afrique, Europe, Amérique, Asie) mais aussi et surtout par ses conséquences, la traite atlantique est une question capitale qui, au-delà du peuple noir, concerne et interpelle la conscience humaine.
Légalisée par le Code noir de Colbert en 1685, soutenue par la papauté, pensée, argumentée et justifiée par les philosophes des Lumières, la traite atlantique érigea en système une économie-monde capitaliste (avant l’heure) basée sur l’instinct de prédation, l’appât du gain et le principe de chosification de l’Homme par l’Homme.
L’Occident chrétien, responsable de ce très grand « dérangement » de l’histoire qui dura du XVIe au XIXe siècle, organisa avec méthode la déportation de millions d’Africains. De ce trafic négrier sont nées les sociétés actuelles des Caraïbes, de la Guyane, du Brésil et les communautés noires de l’Amérique du Nord.
Reconnus comme un crime contre l’humanité en France depuis 2001, la traite négrière transatlantique et l’esclavage représentent une lourde page de l’histoire de l’humanité et appellent un travail de mémoire et de justice.
Collection Latitudes Noires
Format 14 X 19 320 pages, ISBN : 2-915129-13-4, Prix : 20 euros
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DU CRIME D’ÊTRE « NOIR »
Un milliard de « Noirs » dans une prison identitaire
de Bassidiki COULIBALY (Préface de Louis Sala-Molens)
De quelle identité peut-on se prévaloir lorsqu’on est « Noir » et que l’on s’appelle Toussaint Louverture, Ahmad Baba, Béhanzin, Malcolm X, Elijah Muhammad, Aimé Césaire, Cheikh Anta Diop, Frantz Fanon, Edson Arantes do Nascimiento alias Pelé, ou Nelson Mandela ? Des « Noirs », on en trouve sous tous les cieux, dans tous les pays, de toutes les religions, à tous les niveaux des hiérarchies sociales. Mais peut-on dire « les Noirs » comme s’il s’agissait d’une espèce à part, comme s’il s’agissait d’un conglomérat d’individus tous identiques ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’un « Noir » ? Qu’est-ce qu’être « Noir » ? Qui sont « les Noirs » ?
Après avoir été éjectés de la famille humaine pendant plusieurs siècles par le Code noir de Colbert, « les Noirs » ont-ils réintégré l’humanité ? Partout, on entend parler du « problème noir », de la « question noire ». Mais la « question noire », n’est-elle pas aussi et surtout la « question non-noire », qui est aussi la « question blanche », qui est aussi la « question arabe », qui est aussi la « question jaune », qui est surtout la question de l’humanité elle-même ?
Après avoir payé par millions de vies pour le crime d’être « Noirs », les « Noirs » doivent encore payer aujourd’hui pour le même crime : ils sont toujours « Noirs » ! De quoi rendre fou l’être humain le plus zen, de quoi faire des « Noirs » les locataires désespérés d’une prison identitaire.
Bassidiki COULIBALY est docteur en philosophie et collabore à la revue de sciences humaines Le Détour. Auteur de différents travaux sur Jean-Paul Sartre, ses domaines de recherche concernent la philosophie politique, les questions coloniales, l’Afrique et les diasporas noires.
Collection Latitudes Noires
Format 11 X 19 224 pages, ISBN : 2-915129-12-6, Prix : 15 euros